Bara’mel est devenu un incontournable, luttant depuis 20 ans contre le pain gaspillé
« C’est grand et moderne. On peut faire de grandes choses ici. Radia et ses collègues ne cachent pas leur satisfaction. L’atelier Bara’mel a ouvert ce jeudi midi dans la zone industrielle de Saint-Herblain Un nouvel atelier. Un outil de 700 m², coïncidant avec les 20 ans d’une structure intégrée dédiée au recyclage des pains invendus, l’atelier a été fondé en 2002 par l’association Trajet et Pain contre la Faim, anciennement à Orvault, puis Sautron, dont les activités se sont progressivement développées et font aujourd’hui partie des principaux acteurs de la lutte contre le gaspillage alimentaire en région nantaise.Environ 1 100 tonnes de pains et viennoiseries ont été collectées l’an dernier, contre seulement 200 tonnes au départ.
« Nous récupérons les marchandises directement dans les boulangeries et supermarchés avec l’aide de bénévoles », explique Antoine Sorin, président de Pain contre la famine. Cela représente 280 points de vente à travers Nantes. Nous évitons à ces entreprises d’avoir à gérer leurs revenus et nous leur permettons également d’avoir des attestations fiscales. Nous repartons avec le bien à expertiser. C’est un gagnant-gagnant. Le stock collecté est en moyenne de quatre tonnes par jour et est utilisé pour l’alimentation animale. Le pain blanc et les baguettes sont revendus en chapelure à la Coopérative Agricole Terrena. Pains aux céréales, crêpes et viennoiseries sont mélangés au lait pour alimenter un grand élevage porcin à Rouen (Loire-Atlantique).
« C’est bon pour la planète. Nous trouvons cela utile »
Mais avant d’en arriver là, le studio Bara’mel avait du travail. « Une fois déchargé, le pain est trié manuellement. Il doit ensuite être coupé à la machine, envoyé dans la salle de séchage et enfin passé au broyeur », décrit l’assistante administrative de Trajet, Rozenn Le Pabic. Le processus est intégré par 33 employés. Ces personnes, éloignées du monde du travail, parfois sans formation ni maîtrise du français, ont progressivement retrouvé un « cadre professionnel » et une « estime de soi » dans l’accompagnement de l’atelier, y compris sur le plan administratif.
Le pain est trié avant d’être coupé, séché et moulu. – F. Brenon/20 minutes
« Nous tirons dans toutes les positions, généralement par paires », a déclaré Rudia, 37 ans. L’ambiance était agréable. Chacun travaille à son rythme. Le Somalien, qui envisage de poursuivre sa carrière dans la pâtisserie, apprécie également de mener à bien une mission qui a du sens. « Ce que nous faisons est bon pour la planète. Nous le trouvons utile », a-t-elle déclaré.
« Généralement pas plus longtemps que la date d’expiration »
Le président de l’association Anti-Hunger Bread, qui soutient également des projets humanitaires dans les pays en développement, se souvient de Bara’mel comme d’un « pionnier » dans la lutte contre le gaspillage alimentaire en 2002. « De nombreux autres acteurs ont été impliqués depuis lors. Nous avons également constaté une tendance à la baisse des invendus chez les petits vendeurs. Tout cela va clairement dans la bonne direction. »
Dans les supermarchés, en revanche, la prise de conscience semble moins prononcée. « Leur politique est de manger n’importe quel type de pain frais à n’importe quel moment de la journée. La perte est donc énorme. Habituellement pas plus que la date de péremption. Ainsi, une grande surface peut nous donner 600 à 700 kilogrammes par semaine ! Bien sûr, elle » a également déclaré Humane Society Donations. Pour nos bénévoles âgés, le gaspillage est effroyable. Le pain a une forte valeur symbolique. Le jeter est impensable dans leur éducation. »
En 20 ans d’activité, Bara’mel peut fièrement recycler 16 000 tonnes de pain, soit l’équivalent de 64 millions de baguettes. Et a accompagné 550 salariés à s’intégrer. L’atelier Herblinois peut désormais se commercialiser comme un nouveau point de vente : d’ici 2023, en plus de la vente d’aliments pour animaux, il pourra produire des « croutons et hors d’oeuvres ». « Nous travaillons sur ce projet avec l’Oniris (Ecole nationale de l’alimentation de Nantes) », précise Rozenn Le Pabic. L’espace de travail est prêt. Cela nécessitera une tâche un peu plus exigeante. C’est une motivation pour l’équipe. »