La nourriture « doit être sur la table », plaide un expert


Agence France-Presse, publié le ven. 6 mai 2022 09:21

Les questions alimentaires sont cruciales dans la lutte contre le réchauffement climatique, a déclaré à l’AFP la scientifique Cynthia Rosenzweig, qui a passé des décennies à étudier l’interaction entre le changement climatique et la nourriture que nous consommons.

Ses recherches au prestigieux Goddard Space Center de la NASA, qui lui a valu le prix mondial de l’alimentation cette semaine, mettent spécifiquement en garde contre les effets du réchauffement climatique sur les aliments.

Question : Comment les systèmes alimentaires peuvent-ils contribuer au changement climatique ?

Réponse : « Le changement climatique ne peut être maîtrisé sans prêter attention aux émissions de gaz à effet de serre provenant des systèmes alimentaires. Notre travail, entre autres, montre que ces émissions représentent environ un tiers de toutes les émissions humaines. Le temps, la sécurité alimentaire pour tous dépend de l’évolution constante du climat .

Alors que nous entrons dans une décennie critique pour l’action climatique, la nourriture doit être sur la table. « 

Q : Comment le réchauffement climatique affecte-t-il la nourriture ?

R : « En général, les températures élevées sont mauvaises pour les cultures car elles accélèrent leur croissance, elles n’ont donc pas beaucoup de temps pour produire de la nourriture. Cela réduit considérablement les rendements. Ensuite, des événements extrêmes se produisent à des moments critiques, comme des températures élevées pollinisant le maïs. Dans la foulée, leur fréquence et leur intensité ont augmenté dans de nombreuses zones agricoles.

Et bien sûr l’eau, qui est vitale pour la production alimentaire. Le réchauffement modifie le cycle de l’eau dans de nombreuses régions agricoles, avec davantage de sécheresses et des précipitations plus intenses, car l’air plus chaud peut contenir plus d’eau. (…)

Selon les derniers scénarios climatiques, l’équipe de modélisation des cultures d’AgMIP (le programme de modélisation des cultures initié par Cynthia Rosenzweig, ndlr) a constaté que les impacts sur certaines régions agricoles du monde devraient se faire sentir plus tôt, et même très rapidement au début. années 2030.

Certaines des régions clés qui ressentiront ces premiers effets se trouvent dans le centre des États-Unis, l’Afrique de l’Ouest et l’Asie de l’Est. En Afrique de l’Ouest, la production agricole pourrait chuter de 20 à 40 % ou plus. « 

Q : Quelle est la solution pour changer les choses ?

R : « L’augmentation du stockage du carbone peut aider à lutter contre le réchauffement climatique. Nous devons augmenter la productivité agricole et réduire le gaspillage alimentaire : c’est un chiffre approximatif, mais environ un tiers de la nourriture produite serait perdue, ou si nous ne gaspillions pas autant de nourriture. , nous n’avons pas à produire autant, nous réduirons donc les émissions de la production agricole.

Les choix alimentaires sont également susceptibles d’avoir un impact dans les pays développés, car les émissions liées à l’élevage (principalement de la viande bovine et du lait) sont importantes.

Mais si on parle de consommation, il faut reconnaître que les solutions varient selon les contextes et tiennent compte des enjeux d’équité. De nombreuses personnes dans le monde n’ont pas le choix en matière de nourriture.

(…) Il y a bel et bien un mouvement pour transformer le système alimentaire.

L’alimentation est le secteur climatique clé qui relie tout le monde sur la planète au réchauffement climatique. Nous devons transformer nos systèmes alimentaires pour assurer la sécurité alimentaire pour tous et une planète saine. « 

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