Pouvoir d’achat : les ‘bons alimentaires’ de Macron, les ‘gadgets’ ? – 5 juin 2022 09:11


C’est l’inquiétude de certaines associations de lutte contre la précarité alimentaire, qui craignent une réponse largement insuffisante face à la flambée de l’inflation.

Selon Familles Rurales, le prix des fruits et légumes a augmenté de près de 10% en deux ans (illustration) (AFP/THOMAS SAMSON)

Emmanuel Macron promet des « bons alimentaires » pour aider les familles à faibles revenus à se procurer des aliments locaux, durables et même biologiques, potentiellement apparentés à des « gadgets » qui ne résoudront pas l’instabilité chronique Jeudi 5 mai, l’Association française de l’alimentation a lancé un avertissement.

Plus tôt cette année, Familles Rurales a tiré la sonnette d’alarme sur la flambée des prix des fruits et légumes, qui a bondi de près de 10 % en deux ans, et qui devrait se poursuivre. L’association a demandé que les contrôles alimentaires promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne concernaient « des produits valorisés dans le plan national pour une alimentation saine ».

Indice des prix à la consommation (variation annuelle en %) de mai 2017 à avril 2022 (AFP/ )

Evoqué depuis deux ans, le projet, qui devait entrer en vigueur cette année, est « loin d’aborder tous les enjeux de la lutte contre l’insécurité alimentaire », notant dans un communiqué qu’un investissement dans l’instabilité de l’aide et « l’accès digne » Alimentation Durable « Collectif Uni et Alimentation de Qualité ».

Le besoin est réel car

Sept à huit millions de personnes en France sont en « insécurité alimentaire »

et pour de nombreuses familles, « l’alimentation est devenue une variable budgétaire », souligne Laurent Seux, directeur du programme « Bien vivre, bien manger » du Secours catholique.

Cependant, selon lui, les montants évoqués sont trop faibles : environ 30 à 50 euros par bénéficiaire et par mois, alors qu’il faut au moins 120 euros par mois pour financer le bon régime. Laurent Seux a fait remarquer qu’à terme, un tel système reviendrait à « donner du fil d’Ariane » et à « ignorer les solutions qui permettent de vivre dignement », notamment l’augmentation du minimum social.

« Enlève les vêtements de Paul et habille Jacques »

Bien sûr, avec l’idée de ce chèque, « pour la première fois, on n’associe plus l’aide alimentaire au gaspillage et aux invendus, cela permet aux gens de choisir ce qu’ils vont consommer et de payer pour cela », le représentant de l’organisation Boris Tavernier a accepté. Association « Vrac » (Vers un Réseau Commun d’Approvisionnement).

Une telle réflexion ne constitue toutefois pas une réponse durable au problème, selon le responsable, qui s’inquiète également de « Paul déshabillant et habillant Jacques. » Autrement dit, les fonds publics destinés aux bons d’alimentation se traduisent par une baisse des subventions. Des associations sont déjà actives sur ces sujets.

Le « Réseau Cocagne », qui gère des jardins bio avec une mission d’insertion sociale, vient d’être informé qu’il perdrait la subvention publique de 300 000 € allouée à son « panier solidaire », un chèque que le gouvernement a justifié avec les futurs déploiements. « Les bons d’alimentation pourraient éliminer des programmes innovants qui ont mis des années à se mettre en place pour des milliers de bénéficiaires », a déploré Julien Adda, le directeur du réseau.

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