« Bien manger, mais partager un repas c’est mieux », innovation Resto du Coeur


« Nous nous rencontrons ici », a déclaré Philip en souriant. Assis avec Maria, Didier, Marcel, Laure et Greg, la bande de « copains » qui se retrouvent presque tous les soirs pour « partager un repas, parler des conneries, et ramener le monde à la normale ». Il s’agit du Jules-Julien Premium Club, avenue de Rangueil. Depuis octobre 2021, la mairie offre cette salle aux Restos du Cœur, qui accueillent une soixantaine de convives 7 soirs sur 7 : une première pour l’association, qui traditionnellement est passée. Un camion installé au centre distribue son dîner chaud de rue. .

Les bénéficiaires peuvent ainsi s’abriter du vent et de la pluie, discuter et évacuer le stress. Ils sont majoritairement masculins. « Des Français, des étrangers, ils viennent de tous les horizons. Nous avons beaucoup de personnes âgées, quelques familles, mais aussi des jeunes instables », explique Hervé Le Floch, responsable de l’événementiel de rue au Resto du cœur 31. Si la majorité a opté pour la convivialité de la salle, environ un tiers a préféré partir. Ou sur place mais au restaurant. Afin de ne pas les exclure, la distribution a toujours lieu à l’extérieur.

Le club de pétanque Leon Viara, collé à la salle, a vu ces nouveaux voisins venir avec méfiance. La nervosité est un phénomène courant lorsque l’on fait la queue dans un restaurant, et peut même être une bagarre ; la promiscuité peut être une tempête. Le président du club, François Marin, a expliqué : « Il y a eu des incompréhensions au début et on s’est même disputé après que la voiture ait été rayée. Mais maintenant ça va bien ! Il y a pas mal de curiosité, d’intérêt. On sait que le projet ira de l’avant, on a pas d’objection », a déclaré le quilleur. L’expérience de trois mois a été prolongée sans date de fin.

Changer de place maintenant ?

Le dispositif est unique à Toulouse… et peut-être aussi en France. Hervé Le Floch souligne que si à Paris il existe déjà quelques « restaurants chauds » dans des salles avec cuisines, « le fait que la mairie soit utilisée tous les soirs ne se fait jamais, à ma connaissance ».

Le système peut-il être étendu ? Il y a une quinzaine de restaurants gastronomiques à l’hôtel de ville, ce qui est un avantage, mais d’autres restrictions doivent être prises en compte. A cet effet, Restos a déplacé la distribution de Grand-Rond vers Rangueil, le changement d’un autre lieu de distribution pouvant pénaliser le bénéficiaire. L’ouverture d’un nouveau site pose des problèmes de recrutement : malgré 420 bénévoles qui se relaient dans la Ville rose, « il manque encore des armes, surtout le samedi », note Hervé Le Floch.

En plus de servir le dîner pour 350 personnes tous les soirs, d’organiser la distribution de colis alimentaires en journée, des pillages solidaires ou encore d’intégrer des projets, les Restos du 31 multiplient les projets d’innovation et d’engagement. Prochaine étape : Servir les personnes en situation de précarité, notamment celles éloignées du centre-ville.

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