[Critique resto] Honō Ramen, le secret est dans les nouilles


Servir les ramen les plus authentiques et mettre en valeur les ingrédients locaux : c’est le défi que le quatuor à l’origine du populaire Honō Izakaya a décidé de relever en ouvrant Honō Ramen dans une salle voisine.

Il faut dire que dès le début, on s’attable souvent au Honō Izakaya au coeur du quartier Saint Roche à Québec. Depuis sa création en 2018, l’équipe d’Ariane Boudreau, Julien Vézina, Thomas Casault et Patrick Beaulieu ont élargi les horizons culinaires de la capitale avec la cuisine japonaise classique et l’ont revisitée en popularisant les yakitori ; les brochettes servies dans les tavernes japonaises ou les izakaya pour les collations. Leur mémoire gustative, comme la salade de calamars, n’est jamais loin. Alors la curiosité pour ce nouveau lieu dédié à un autre important est très grande. Aussi désireux d’apprécier chaque détail.

plats intemporels

Créer autour de la flamme – honō – dans le respect de la tradition était la ligne directrice pour relier les deux adresses, elles aussi physiquement reliées par des passages intérieurs. Ainsi, les clients peuvent choisir l’une des ambiances, tantôt lumineuses et conviviales, tantôt cosy et chaleureuses. L’apparence est belle. On salue les talents des architectes Charlène Bourgeois et Mathieu Leclerc, qui ont réussi à nous perdre complètement avec quelques niches à deux ou quatre places et des bois ajourés qui évoquent le design minimaliste japonais. La dizaine de couverts autour du bar indique aussi qu’on peut venir manger rapidement, ce qui est aussi traditionnel et répond au besoin de ce repas délicieux et efficace : bravo.

Lors de notre visite, nous étions assis à de longues tables de cantine. L’atmosphère est animée, accueillante et franche, sans chichi. Avec les convives, nous avons bu un verre de trempette (Domaine Les Tètes, Val de Loire) et un verre de Sapporo au jus de yuzu pour accompagner notre lecture de la carte, elle aussi simple : quatre sortes de ramen, plusieurs accompagnements, deux desserts. On nous a dit que le menu changeait peu avec les saisons. Comme son grand frère, on va chez Instinct Ramen pour des plats intemporels.

Pour vous mettre en appétit, vous pourrez choisir parmi les accompagnements proposés. Le kimchi vert, le sukiyaki et le chow mein sont sortis rapidement et nous ont rapidement laissé sans voix. Le kimchi est fait avec du chou chinois, du bok choy et des jalapeños, et il n’a presque aucune saveur et n’est pas du tout épicé. Wontons, moelleux et difficiles à servir, manquant de saveur. Quant au yakisoba, bravo aux ramen commerciaux ensachés, on applaudit la façon dont il a repassé les invendus la veille, mais il s’est avéré qu’il manquait d’assaisonnement pour que nous puissions totalement jouer le jeu. Nous l’avons pesé, mais le fait est que le premier service a été déconcertant. Est-ce que cela nuit à notre avenir ? un peu. Cependant, l’arôme fumant du bouillon qui emplissait le restaurant nous remit en confiance.

cuisson parfaite

Nos choix se sont portés sur la classique soupe miso, poitrine de porc, épinards, shiitake et shiso ramen, suivie du poulet teriyaki dans un bouillon de poulet au lait garni de maïs et de radis daikon. Un œuf et demi mariné et cuit à la perfection complète chaque bol. Avec des baguettes et des cuillères à la main, nous bavons déjà.

Une des raisons qui a motivé notre visite était de pouvoir goûter aux nouilles ramen maison du chef Sylvain Boudreau. Quel succès ! Délicieux, bonne texture, mais délicat à la fois, on s’est régalé dès la première bouchée. Cuisiner à la perfection – véritable défi pour ce type de cuisine, qui continue de « cuisiner » entre la cuisine et la table – témoigne de la recherche de cette matière première. L’accompagnement est également bien fait. La poitrine de porc braisée ajoute de la profondeur, tout comme les champignons shiitake charnus. Cela dit, entre les deux, le gagnant est le Tori Paitan Ramen with Chicken. Le bouillon n’est pas trop salé, la protéine est délicieuse, et on adore les poireaux et les grains de maïs sucrés et croquants. Un très bon équilibre. Ce qui nous fait dire que nous le referons tôt ou tard.

Pour terminer le repas, nous avons opté pour un cheesecake japonais classique. Les ramen de Honō Ramen sont servis sur du yogourt au citron vert avec du sirop de cassis. Malheureusement, l’acidité du fruit masque le goût délicat du gâteau. Une fin douce-amère que nous voulions juxtaposer à notre expérience globale, mais ce n’était pas le cas. Le bouillon amusant et aromatique et l’atmosphère détendue entourant les ramen ont suffi à nous faire revenir seuls après un mois. Un verre, un bol, un livre, installés sur le bar. moins est plus.

wano ramen

★★★ 1/2

40 $ par personne. Repas pour deux, excluant taxes, pourboire et alcool : 73,31 $ (trois accompagnements, deux soupes et un dessert). 680 Rue Saint Joseph, Québec, Téléphone : 418 524-2888. Ouvert du lundi au samedi.

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