Les associations s’inquiètent de l’augmentation du nombre de bénéficiaires… et de la baisse des dons


Hausse des prix de l’énergie, loyers élevés, revenus en hausse… tels sont les fléaux des Français aujourd’hui. Et c’est loin d’être fini : l’inflation devrait dépasser 5% en mai et 5,4% en juin, selon les premières estimations de l’INSEE. Portés notamment par les prix de l’alimentation, qui devraient augmenter de 6,3 % en juin, les prix de l’énergie ont de nouveau augmenté (+26 % en juin).

Cette situation a été en partie causée par la guerre en Ukraine. Savoir qu’entre 7 et 8 millions de personnes en France sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire est le coup le plus dangereux. La Société anti-pauvreté sait qu’elle aidera beaucoup plus de personnes dans les mois à venir. Pour le Secours populaire, c’est devenu une réalité. « Notre demande augmente depuis la mi-mars. Certaines personnes, auparavant sur le fil du rasoir (travailleurs précaires ou à temps partiel, ménages monoparentaux), n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Ils doivent choisir entre payer un loyer ou faire le plein de leur voiture », a noté la secrétaire nationale de l’association, Houria Tareb.

« On voit la pauvreté s’aggraver »

Le président des Restos du cœur, Patrice Douret, n’a pas encore fait de prévision chiffrée du nombre de personnes qui pourraient rejoindre les bénéficiaires dans les mois à venir. « Mais nous attendons plus. Parce que surtout pour beaucoup de travailleurs pauvres, il reste de moins en moins de vie. Depuis la guerre en Ukraine, nous avons vu la pauvreté s’aggraver, surtout chez les jeunes, qui représentent 50 % de nos bénéficiaires. »

Cette augmentation prévisible du nombre de bénéficiaires inquiète davantage les associations qui ne savent pas si leurs différentes sources de financement seront suffisantes. « Je suis préoccupé par l’effet ciseau, qui fait que nos dépenses augmentent à mesure que les ressources diminuent », explique Patrice Douret. Notamment parce que la générosité des Français envers les associations est variable selon les circonstances économiques et financières. Or, les dons aux associations caritatives ou d’intérêt général ont chuté de 30% l’an dernier par rapport à 2020, selon une étude publiée par Ipsos jeudi dernier pour la Fondation Apprentis d’Auteuil*.

quelques dons en nature

Aussi, alors que le pourcentage de Français déclarant avoir donné au moins une fois par an est resté quasiment constant (48 % en 2021 et 49 % en 2020), le montant moyen par donateur a nettement baissé (-31 %). Cette tendance devrait également se poursuivre en 2022 : un quart des Français prévoient de réduire voire d’arrêter de donner cette année. « Ils le démontrent d’abord par la baisse du pouvoir d’achat (57%) et la peur de l’inflation (36%) », explique l’étude.

L’association est également en proie à d’autres difficultés financières, ce que souligne Patrice Douret : « L’augmentation des matières premières et de l’alimentation nous a également touchés. Ces dernières semaines, nos coûts d’approvisionnement ont augmenté de 10% », a-t-il relevé. Les dons en nature, qui constituent une grande partie de son inventaire de produits distribués, ont également diminué. Le président des Restos du cœur a déclaré : « Les producteurs laitiers se sont divisés en cinq en un an ». « Les dons d’invendus alimentaires qui approchent de leur date de péremption sont devenus plus limités ces derniers temps. La moyenne et la grande distribution en vendant davantage à des clients en difficulté de pouvoir d’achat », souligne Houria Tareb.

Activités pour diversifier les revenus

A ce titre, les prochains mois seront décisifs, les dons intervenant le plus souvent au dernier trimestre de l’année. « En raison de la crise sanitaire, le plafond du dispositif Coluche, qui permet une déduction fiscale de 75% pour les dons, a été porté à 1 000 € (au lieu de 552 €). Cette mesure a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2023. Elle doit être permanent », Patrice Douret Say. L’association multiplie également ses efforts pour encourager la générosité française. Jusqu’au 22 mai, la Croix-Rouge française organise sa Fête nationale pour récolter des dons. L’aspect Secours populaire est tout aussi dynamique : « On ajoute de l’action : brocantes au muguet, braderies, collectes alimentaires en GMS, spectacles… », décrit Houria Tareb. Les Restos du Coeur accueilleront un festival de musique le 25 juin, culminant avec un restaurant dansant, animé par des DJ connus de 18 villes françaises. Le prix de cet endroit est de 12,50 euros.De nombreuses associations envisagent également de renforcer leurs opérations marketing de rue Attirer de jeunes donateurs.

Ils fondent également de grands espoirs sur le nouveau gouvernement. Il a été décidé de prolonger le bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie (électricité et gaz) jusqu’à fin 2022, mais sera-t-il prolongé ? La nouvelle allocation d’inflation sera-t-elle versée aux plus doux ? Emmanuel Macron s’est également engagé à mettre en place un contrôle alimentaire cet été pour aider les plus modestes à s’approvisionner en alimentation locale.

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