Les prix alimentaires augmentent, la Guyane devient autosuffisante
La guerre en Ukraine et le changement climatique ont fait grimper les prix des denrées alimentaires. Du 19 au 22 mai 2022, le Forum de l’investissement agricole se tiendra en Guyane. Des délégations de plusieurs pays membres de la CARICOM ont assisté à la réunion. Le président guyanais Irfan Ali a déclaré que l’autosuffisance alimentaire de son pays était une priorité.
Caroline Popovic • Publié le 27 mai 2022 à 9h00, mis à jour le 27 mai 2022 à 10h32.
En Guyane, la recherche agronomique se concentre sur la culture du blé. Le centre de recherche agricole du pays étudie 20 de ces céréales. La production intensive de maïs est également une priorité.
Pour la Guyane, c’est urgent. 30% du blé mondial est cultivé en Russie et en Ukraine. La conséquence de la guerre entre les deux pays fut une hausse inévitable du prix de ce produit de base.
Pendant trois jours, le président de la Guyane a accueilli les dirigeants caribéens au Forum de l’investissement agricole.
Ils ont pu rencontrer des agriculteurs, des agro-transformateurs et des investisseurs pour restructurer le secteur agricole dans leurs pays respectifs.
Les prix des aliments importés sont trop élevés
Aux Bahamas, près d’un milliard d’euros sont dépensés chaque année en denrées alimentaires importées. Le secteur agricole ne représente que 1 % du PIB. La sécurité alimentaire est une préoccupation.
À Montserrat, territoire britannique de 5 000 habitants à peine, 75 % du poulet est importé et 85 % de la nourriture consommée vient d’ailleurs.
Franchement, c’est honteux.
Joseph Farrell, ministre de Montserrat
La Guyane importe 30 millions d’euros de nourriture par an. Avec une superficie de 214 970 kilomètres carrés, la superficie des terres cultivées n’est que de 8 %.
D’ici 2025, le président guyanais souhaite réduire de 25 % la facture des importations alimentaires de la région, qui s’élève actuellement à 6 milliards d’euros.
Des investissements dans le soja, l’aquaculture, l’élevage et la production d’engrais sont tous à l’étude. La Guyane espère pouvoir exporter ses produits vers les pays voisins de la Caraïbe.
Les droits imposés sur les aliments cultivés dans la région de la CARICOM doivent être éliminés.
Nous avons la responsabilité de changer nos pratiques. Je ne sais pas comment ce plan d’augmentation de la production agricole réussira si nous n’éliminons pas les barrières commerciales.
Mia Motley, Premier ministre de la Barbade
Le président guyanais Irfaan Ali est en compagnie de son homologue caribéen au Forum international de l’agriculture. • © AntiguaTribune
Le Premier ministre de la Dominique, Roosevelt Skerrit, a noté qu’il est plus facile pour ses agriculteurs d’exporter des avocats et du gingembre vers l’Europe et l’Amérique du Nord que vers les pays des Caraïbes.
La libre circulation des travailleurs agricoles dans la région devrait être autorisée. Des milliers de travailleurs saisonniers quittent les Caraïbes pour travailler au Canada chaque année, mais ils ne peuvent pas faire la même chose dans la région.
L’agriculture était le pilier de l’économie de la région après l’effondrement des marchés internationaux du sucre et de la banane. Le tourisme est devenu l’investissement de choix.
Aujourd’hui, la nourriture coûte cher et la Caraïbe a dû relancer un secteur agricole longtemps marginal pour nourrir sa population.