« Mieux vaut aller au restaurant que d’aller chez le médecin »
Le chef Christophe Aribert et sa compagne Célia Metsu dans le jardin du restaurant Maison Aribert en mai 2022. PABLO CHIGNARD POUR « LE MONDE »
sous abri Coquille de châtaignier, comme une peau de bois, le restaurant deux étoiles de Christophe Aribert est protégé par de multiples forces. Uriage-les-Bains est une station thermale de l’Isère entre Chartreuse et Vercors, où les grands platanes qui s’élevaient avant la construction étaient abattus selon un rituel chamanique. Cinq totems y ont été réalisés pour surveiller la table des aliments.
Un noyau de pierre, en pierre des montagnes environnantes, a été coulé dans les fondations de l’hôtel (qui abrite également les chambres d’hôtes et le café) pour bénéficier de sa force terrestre. Une rivière artificielle coule d’est en ouest autour de cet endroit, conformément aux préceptes du Feng Shui. Le patron évoque l’érection du menhir. « En grandissant dans le Vercors, ces forces, ces vibrations, je les ressens depuis que je suis enfant »a révélé Christopher Alibert.
Qu’on s’en tienne ou non aux convictions de ce quinquagénaire, force est d’admettre qu’en entrant dans la barque de la Maison Aribert, on s’est senti isolé et propulsé dans un monde plus apaisé (malgré quelques effusions de sang en cuisine), en phase avec la nature . Les hautes fenêtres de la salle à manger donnent sur une friche illuminée de griottes et de pissenlits. Un jardin de mandalas, construit autour d’un point d’eau, amène fruits et légumes sur le toit d’une belle table. Christophe Aribert s’en inspire beaucoup. Ravioles d’écrevisses mijotées au fenouil maison,
Le refus du chef de passer d’une assiette à l’autre relève à la fois de son sens culinaire et de son engagement écologique.Sa compagne Célia Metsu lui donne un coup de main depuis des années : elle a obtenu un label « sans plastique » pour l’établissement et supervise un grand restaurant accessible à Bouillon A Grenoble (plats à partir de 11,50 euros) l’ouverture de, Ouvert le 16 mai près de la gare. Interviewez un couple aux philosophies profondément enracinées.
Pourquoi choisir un petit village isolé de la région grenobloise ?
Christophe Alibert : J’ai travaillé à la Tour d’Argent et au Crillon à Paris… mais la capitale et le béton ne sont pas pour moi. J’ai lentement disparu. Saisissez l’opportunité du restaurant gastronomique Les Terrasses. L’expérience a duré vingt ans. Puis j’ai décidé de construire ma propre maison à côté. C’est crucial. Plutôt que de succomber à la vision à court terme des actionnaires, je peux aujourd’hui me projeter dans dix ans, prendre une responsabilité éthique et écologique, et partager ce projet avec mon équipe.
Il vous reste encore 69,11% d’articles à lire. Le contenu suivant est réservé aux abonnés.