« On a 20% d’augmentation de salaire ! » : les restaurateurs montpelliérains ne trouvent pas de saisonniers
Les gens sont en terrasse mais personne ne sert, et la restauration montpelliéraine s’inquiète d’une pénurie de saisonniers cet été.
Les restaurateurs et propriétaires de bars montpelliérains ont commencé à serrer les dents. À l’approche du beau temps et de la première semaine des vacances de printemps, la plupart d’entre eux sont complètement démunis face au manque de travailleurs saisonniers. « Oh, ne m’en parlez pas », lance Alexandre Paredes, directeur du restaurant Les Mômes à la place du marché aux fleurs. Il nous manque 14 personnes pour avoir une équipe complète cet été, autant dire qu’il fait chaud. »
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas foule devant la porte, et depuis début avril, les clients affluent. « Parmi ceux qui ont soumis leur CV, 30 % n’ont pas assisté aux entretiens, et ceux qui sont restés n’avaient aucune expérience. Mais comment peuvent-ils être formés quand les terrasses sont bloquées ? » on s’efforce d’attirer des jeunes motivés. « J’ai tout essayé : Pôle emploi, effectivement, les annonces sur le web. Je ne sais pas quoi faire. » Les restaurateurs sont obligés de fermer deux jours par semaine. « Je voulais être ouvert sept jours sur sept, mais malheureusement je n’avais pas la capacité et j’étais bloqué », a-t-il conclu.
« Mykonos, Ibiza, St Tropez… le salaire est meilleur là-bas ! »
La même histoire s’est produite du côté du bar de la ville. César Bergougnoux travaille au Comptoir de l’Arc, place de la Canourgue. Malgré de multiples annonces, le bar/restaurant fait face au même problème que Les Mômes : le manque de personnel qualifié. « D’habitude ce sont des jeunes qui n’ont jamais travaillé dans la restauration. Mais le temps de formation est trop long, surtout quand on a quelqu’un à servir. La saison a commencé et on a eu beaucoup d’achalandage. »
Où sont donc tous ces jeunes serveurs compétents qui s’adressent aux restaurateurs en haute saison ? Alexander Paredes a sa théorie. » Mykonos, Ibiza, Saint-Tropez… là-bas, c’est mieux payé ! » Ce n’est pourtant pas faute d’avoir quelque chose à lui. « J’ai augmenté de 20% les salaires de tous mes collaborateurs, que puis-je faire d’autre ? ».
Du beurre, de l’argent du beurre…?
Il y a aussi des pénuries de main-d’œuvre sur toute la côte. Pour Christophe Boix, gérant de La plage des Alizées, une cabane de plage à La Grande-Motte, le principal frein au recrutement sera la motivation de la jeune génération à évoluer dans le secteur. « Je ne travaille plus qu’avec des vieux serveurs maintenant. Les jeunes serveurs disent ‘bonjour, je ne suis pas encore debout’ ou même ‘je veux payer 50% de plus' », a-t-il déclaré. Il a également augmenté les salaires de ses employés depuis la crise du Covid-19. « Les salaires ont augmenté de manière significative, et je paie bien les gens. Mais nous ne gagnons pas plus », a déclaré sévèrement Christophe.
Marcellin Doucet, qui dirige le Blue Beach Lodge, a également exprimé son ennui. Malgré la petite taille de son équipe, il ne trouve toujours pas les quatre autres dont il a besoin en juin. « Je pense à mes collègues, ils embauchent 50 personnes cet été. Je ne sais pas s’ils s’en sortiront », dit-il amèrement.
Il est d’accord avec Christophe Boix. « Les gens en demandent trop ! On les a habitués au confort et au chômage partiel du travail à distance. Maintenant, ils sont complètement démotivés. » Ils ont encore quelques semaines pour compléter leurs équipes. Reste à savoir s’ils trouveront le personnel nécessaire pour assurer des services pérennes et souvent intensifs durant l’été.
Effet post-Covid ?
Pour nombre de ces recruteurs, la période Covid-19 a été mauvaise pour le secteur de la restauration. Face aux difficultés engendrées par la pandémie mondiale, de nombreux serveurs ont décidé de se reconvertir ou de changer leurs habitudes de travail, souvent contraignantes. « J’ai accueilli plusieurs jeunes qui souhaitaient négocier leurs horaires, pas de travail le midi, pas de travail le soir. Mais ce n’est pas la réalité de la restauration », s’enthousiasme marcellin Doucet. Les plus motivés restent les mineurs à la recherche d’emplois d’été, ou les étudiants cherchant à compenser leurs frais d’études et de vie en ville. Malheureusement pour eux, l’été ne semble pas propice à ce type de recrutement. « L’intégration est ingérable dans ces conditions », conclut Alexandre Paredes.
