Pourquoi s’occuper d’abattage rituel alors que toute l’industrie de la viande est décevante ?


Carte blanche d’Albert Guigui, Grand Rabbin de Bruxelles.

Où est la logique ?Dans sa rédaction actuelle, la conséquence immédiate de l’application du projet de loi sur l’abattage rituel est la fermeture de l’abattoir d’Anderlecht et le transfert de toutes les activités actuelles vers d’autres pays européens où l’étourdissement préalable n’est pas requis. Quelles sont les conséquences de ce projet de loi ?

Nous allons tuer des communautés entières et laisser des centaines de chefs de famille au chômage. Ainsi, un vote sur le projet de loi pourrait aggraver la misère. De plus, les juifs et les musulmans devront importer de l’étranger de la viande casher et halal et dépendre de pays étrangers, une situation qui présente des risques.

Alors que les tendances écologiques d’aujourd’hui favorisent les cycles alimentaires courts, afin de minimiser les effets négatifs du réchauffement climatique, nos législateurs nous obligeraient à importer de la viande et de la volaille qui sont parfois abattues à des milliers de kilomètres. Cette viande est parfois abattue dans des conditions sanitaires moins strictes que les nôtres. Parfois, les camions sont bloqués à la frontière pendant deux ou trois jours, et le temps que la viande arrive au port, elle est déjà avariée.

Nous abandonnerons donc le circuit court qui a l’avantage de sécuriser un modèle économique et de valoriser notre métier d’éleveur. Il réduit également les prix et garantit la qualité aux consommateurs. Les circuits courts favorisent la création d’emplois locaux, développent les économies sociales et solidaires et contribuent à créer du lien social. Et tout cela risque d’être gâché.

Pourquoi s’occuper d’abattage rituel alors que toute l’industrie de la viande est décevante ?

Les meurtres rituels impliquaient deux minorités religieuses : la communauté juive et la communauté musulmane. En exigeant des étourdissements préalables, nous empêchons en fait les juifs et les musulmans de manger de la viande abattue dans notre région. Mais pourquoi s’attaque-t-on à un seul aspect de la production de viande en influençant les communautés religieuses alors que nous autonomisons dans notre région : élevage en batterie, conditions difficiles pour le transport des animaux, gavage des oies, échaudage du homard, etc. ? Pourquoi seulement l’abattage rituel ? Pourquoi deux poids et deux mesures ?

Mesures déraisonnables et disproportionnées

Il est déraisonnable et disproportionné à nos yeux que la mesure d’une interdiction totale d’abattage selon les cérémonies, et donc sans étourdissement préalable. Le caractère déraisonnable vient du fait que des aménagements peuvent être envisagés pour atténuer la souffrance des animaux sans amoindrir une pratique étroitement inspirée des préoccupations religieuses de protection des animaux. Il n’y a pas eu de concertation avec les autorités religieuses pour trouver des arrangements permettant à chacun de trouver une solution.

Quant au caractère disproportionné de la décision d’interdiction, en plus de rappeler la gravité de l’atteinte aux éléments essentiels de la liberté religieuse, il importe de rappeler les énormes difficultés posées par les mesures prises en Régions wallonne et flamande, Augmente l’offre de viande abattue selon les règles religieuses.

Bien sûr, certains répondront qu’à l’étranger et même – jusqu’à aujourd’hui – à Bruxelles, l’approvisionnement n’est pas impossible, même à un coût plus élevé. Au cœur du débat est que le raisonnement européen pour tolérer de telles restrictions peut ouvrir la voie au développement continu d’une logique d’interdiction universelle et absolue à travers l’espace européen. Jusqu’à toute possibilité d’achat d’Unreal à l’étranger.

Aussi, de manière plus prospective, on pourrait même avancer que les interdictions flamandes et wallonnes fondées sur la nécessité de protéger le bien-être animal sont elles-mêmes très incohérentes, mais pourraient être autorisées car contournables par des approvisionnements étrangers. Car, par principe, la lutte contre la souffrance animale ne doit pas connaître de frontières. Les vaches lilloises ne sont pas moins importantes que les vaches wallonnes ou flamandes.

Que disent les scientifiques ?

Passons maintenant à la source du problème. Que disent les scientifiques ? Nous souhaitons citer l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) (1). Le groupe scientifique s’est réuni à la demande de la Commission européenne pour analyser les principaux systèmes d’abattage par étourdissement des espèces animales utilisées dans le commerce.

Le dernier rapport de ce groupe de scientifiques a été publié en 2004 dans EFSA Journal, n° 49, p. 3. 1-29. Voici quelques citations du rapport :

« En général, pleurer lorsqu’un animal est inconscient, quelle que soit la méthode d’étourdissement utilisée, est un signe de détresse et de détresse. Cependant, l’absence de cris ne garantit pas l’absence de détresse et de détresse. »

Concernant la mécanique et les effets des différentes méthodes d’étourdissement, c’est écrit comme ceci : « Il y a un besoin urgent d’investigations plus détaillées sur les mécanismes et les effets des différentes méthodes d’étourdissement, des applications techniques et de l’organisation pratique, ainsi que d’une meilleure formation du personnel pour mieux assurer le bien-être des animaux. » Où est la certitude dans le dénigrement de l’abattage basé sur des rituels religieux que proposent souvent les associations de protection animale ? Selon ce rapport, rien n’est certain.

Le même rapport de l’EFSA indique : « L’application correcte de la contention requise pour l’étourdissement ou l’étourdissement électrique ou mécanique peut être l’une des étapes les plus stressantes et les plus douloureuses du processus d’abattage. »

Citons également le rapport de la troisième réunion du groupe de travail de l’OIE (comprenant 167 pays) qui s’est tenue à Paris le 27 mai 2005. Le groupe de travail comprenait des experts de renommée internationale, comme Neville Gregory ou Temple Grandin, qui ont adopté une ligne directrice, dont celles connues et acceptées par tous les vétérinaires officiels.

Dans ce rapport, des experts scientifiques passent en revue toutes les méthodes d’étourdissement et énumèrent les avantages et les inconvénients de chacune. En parlant de pistolets à tige pénétrante, qui est une méthode que nous utilisons dans les abattoirs en Belgique et ailleurs, les rapports soulignent les inconvénients suivants :

1) Un mauvais entretien des pistolets, des erreurs de tir et des positions et orientations de pistolet inexactes peuvent causer des problèmes pour la protection des animaux ;

2) Cette méthode est difficilement applicable aux animaux excités ;

3) L’utilisation répétée du pistolet à balles peut provoquer une surchauffe ;

4) Les fuites de fluides corporels peuvent causer des problèmes de biosécurité ;

5) La destruction du tissu cérébral peut interférer avec le diagnostic de certaines maladies.

Tous ces inconvénients font que, malheureusement, les échecs des méthodes d’étourdissement sont nombreux et dramatiques. Le rapport de l’INRA sur le bien-être animal (2) a évalué ces échecs : bovins allant de 6 % à 16 %.

En Belgique, nous abattons chaque année 600 000 têtes de bétail. Si l’on prend en moyenne 10% (entre 6% et 16%) des bovins, ce sont 60 000 animaux par an, étourdis ou non, qui rentrent directement dans la chaîne de production, toujours conscients, et sans précautions particulières de saignée. En conséquence, les animaux ont ressenti une double douleur : étourdissement (jamais mesuré) et saignement. Leur douleur peut être atroce.En revanche, le pourcentage de bovins abattus selon le rituel en Belgique cacher pas plus d’un pour cent.

Cela rend le professeur R. Dantzer, docteur en médecine vétérinaire, Ph.D. es Science, directeur du laboratoire de neurobiologie de l’INRA, membre du comité scientifique vétérinaire de la Commission européenne : « En conclusion, la prise de position de certains membres du Comité Scientifique Vétérinaire sur l’abattage rituel manque de fondement scientifique sérieux et s’oppose aux efforts actuels pour améliorer les conditions d’abattage dans le respect du rituel. »

Remarques:

1 L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) fournit des Avis scientifique indépendant sur les risques alimentaires. L’EFSA émet des avis sur les risques alimentaires existants et émergents.Ces comités contribuent à la législation, aux règles et à la politique européennes en fournissant des informations Protéger Les consommateurs se défendent contre les risques dans la chaîne alimentaire.

2 L’Institut national de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement est un établissement public à caractère scientifique et technologique placé sous la tutelle conjointe du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et de la Direction de l’agriculture et de l’alimentation.

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