La médecine culinaire : une première pour le milieu universitaire francophone


Il peut sembler évident que l’alimentation et la nutrition font partie de la formation de nos futurs médecins. Cependant, seules quelques heures y sont consacrées dans quelques cours.

 » [Dans] Chez la plupart des facultés de médecine au Canada, on est même en bas des cinq heures par formation », note Michel Lucas, épidémiologiste à la Faculté de médecine de l’Université Laval. C’est dommage de voir que nos étudiants en médecine n’ont pas de formation en nutrition… On a des lacunes dans la formation.Sur les bancs des écoles, mais aussi pendant toutes les formations médicales.Pas assez de temps.

Par exemple, nous abordons le rôle des nutriments comme les lipides, les glucides et les protéines, et nous passons en revue certains avertissements concernant le sodium, le sucre, le cholestérol et les bonnes et mauvaises graisses.

Nous leur avons donné quelques leçons, mais rien de vraiment avancé, surtout pas une approche de la nutrition qui intègre tous les aspects, pas seulement ceux liés à la baisse du cholestérol ou à l’augmentation de la consommation de fibres, a poursuivi Sylvie Dodin-Dewailly, elle est gynécologue et professeur clinicienne au Département d’obstétrique, gynécologie et reproduction au CHU Québec.

Pour Michelle Lucas, la mauvaise qualité des aliments est le tueur numéro un dans le monde. Avec l’augmentation des maladies chroniques, nous ne pouvons pas supposer que notre société peut résoudre ces problèmes sans soins holistiques aux patients, y compris l’alimentation.

Expérimenter les saveurs pour mieux les transmettre

Michel Lucas ne voulait pas toucher au département de nutrition de l’Université Western, mais voulait remédier à la situation. Nutritionniste de formation et chef certifié, en plus d’être microbiologiste, le Dr Lucas a décidé de porter tous ses chapeaux en offrant un cours électif de médecine culinaire à l’École de médecine de l’Université Laval.

Collaborant avec l’École hôtelière de la Capitale, il applique dans ce cours certains principes que ses étudiants appliquent en chirurgie : l’observation et la pratique. Pouvoir le transmettre est essentiel. Dans le cas de la médecine culinaire, le faire est remplacé par l’expérimentation. Il a expliqué qu’il est important de cuisiner et d’expérimenter les saveurs, les textures et les techniques afin de pouvoir les transmettre.

Éric Villain, chef enseignant à l’École hôtelière de la Capitale, est très enthousiaste à l’idée d’accueillir des étudiants de troisième année en médecine : donnons-leur le goût de cuisiner! La plupart des gens ne savent pas manier un couteau, mais on leur a appris à entrer dans la cuisine pour pouvoir l’utiliser en toute sécurité. Nous sommes dans la troisième des huit classes et ils vont très bien maintenant.

lors du passage de l’équipe de lancement épicerie12 élèves d’un cours de médecine culinaire apprennent à rôtir un poulet, certains pour la première fois !

« C’est difficile de donner des conseils quand on ne l’a pas fait soi-même, qu’on ne sait pas comment le faire, et qu’on n’a pas d’avis personnel. »

—Cité par l’étudiante Catherine

« Ça change la routine. On sort de nos cercles. Ça change les objectifs aussi. Là, on apprend plus par la pratique, plutôt que par la performance par rapport aux notes et au contenu. J’aime beaucoup la façon dont ça amène Come Diversity. »

-Cité par Zachary, étudiant

Allier théorie et pratique

Comme Harvard, Stanford et d’autres universités aux États-Unis qui proposent des cours de médecine culinaire, les plans d’enseignement concoctés par Michelle Lucas sont divisés en deux parties : la théorie (voir) et la pratique (faire).

Pour cette théorie, nous avons organisé une série de réunions avec environ 40 acteurs majeurs de l’alimentation, a expliqué le Dr Lucas.

« Ils disposent de plusieurs modules et sont composés d’experts internationaux de premier plan dans les domaines de l’alimentation et de la médecine. Ils reçoivent ainsi les informations les plus importantes et les plus à jour sur la nutrition et les arts culinaires. »

– Citation de Michel Lucas, épidémiologiste à l’École de médecine de l’Université Laval

On parle de la santé des hommes, on parle de la santé des femmes, on parle de tous les aspects socio-économiques de la nutrition. En fait, parmi tous les enjeux, des choses comme l’accessibilité à la nourriture, a ajouté Sylvie Dodin-De Valli, qui a participé à la création du curriculum.

Le chef Éric Villain est en charge de la partie pratique du cours. Il enseigne les bases de la cuisine méditerranéenne, végétarienne, végétalienne, japonaise, indienne, sans allergènes… et veille au bon développement des compétences culinaires de l’apprenti.

Trois professeurs enthousiastes, 12 futurs médecins, une grande tablée… la recette parfaite pour partager les connaissances et développer la médecine de demain.

Reportage de Johane Despins et Alain Roy réalisé par Caroline Girard à épicerie Diffusion les mercredis à 19h30 et les dimanches à 13h30 sur ICI TÉLÉ et les samedis à 17h30 et les dimanches à 16h30 sur ICI RDI.

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