Coaching nutritionnel : comment contrôler mon appétit ?
Le cas le plus courant consiste à trouver l’étendue de la vulnérabilité en fin de journée. Les fringales sont statistiquement les plus fortes vers 17h ou après le dîner. Puis on se jette parfois sur des tablettes de chocolat, des chips, du pain ou du fromage. Ces envies ne doivent pas être préoccupantes. Ils ne sont parfois que le résultat d’un précédent repas trop fade. Qui d’entre nous n’a pas eu une envie de sucré après une petite salade composée le midi ?
arrête de te priver (trop)
Tant que les fringales restent raisonnables en quantité et/ou peu fréquentes, il n’y a vraiment pas lieu de s’inquiéter. Cela peut même servir de signal pour envisager d’enrichir votre repas principal, comme l’ajout de protéines ou d’amidon.
Si ces fringales deviennent plus fréquentes, la première chose à faire est de surveiller la composition des repas. C’est ce que je fais avec Mélanie, qui mange ¾ de baguette et un demi camembert ou un comté tous les soirs en préparant le dîner pour sa famille. « Je suis rentrée du boulot affamée, alors je me suis fait un petit toast, mais ça a dégénéré et je n’ai pas pu le contrôler », a expliqué Mélanie, profondément affectée par ces fringales récurrentes. « J’ai un travail de réalisatrice et je suis très compétente et efficace. Pourquoi ne puis-je pas contrôler mon propre morceau de pain ? », m’a-t-elle demandé.
J’ai décidé de tourner la métaphore. « Mélanie, si on divisait par deux la taille de ton équipe, si on réduisait ton budget de fonctionnement, parviendrais-tu à garder la même efficacité et à produire d’aussi beaux résultats ? ». « Bien sûr que non, » répondit-elle.
La même chose vaut pour manger. Si le petit-déjeuner et/ou le déjeuner n’apportent pas l’énergie, la nutrition et le plaisir nécessaires à l’équilibre physique et mental, il existe un risque de dysfonctionnement.
Mais Mélanie s’est plus ou moins volontairement limitée au déjeuner. Elle mangeait principalement des légumes ou des crudités, occasionnellement un peu de viande ou de poisson, et jamais de pain, de pommes de terre, de riz ou de pâtes. Quant au dessert, il était inexistant. Le petit déjeuner n’était pas beaucoup mieux, juste du café et du yaourt nature.
Il a fallu plusieurs séances à Mélanie pour se résoudre à admettre qu’elle avait peur de prendre du poids, et qu’en fait elle alternait restrictions et « abandons ». Nous travaillerons ensemble pour la remettre sur une voie alimentaire plus adaptée à ses besoins, sans diaboliser ni glorifier tel ou tel aliment. Ensuite, le besoin diminuera jusqu’à ce qu’il disparaisse.
apprivoiser vos envies
Agathe est complètement hors limites. Directrice commerciale d’un fabricant de maroquinerie de luxe, elle est encore connue comme « le bon vieux temps ». Elle n’a jamais dit non aux pâtisseries de bureau généreusement offertes par ses collègues. Elle finissait toujours son assiette et mangeait joyeusement le dessert au restaurant.
« De toute évidence, tout d’un coup, j’étais en surpoids », m’a-t-elle dit. Elle m’a consulté aussi pour perdre quelques kilos.
Son image hédoniste n’est pas forcément un frein. J’ai plein de recettes « saines » mais délicieuses à lui recommander. Je ne conseille jamais les régimes restrictifs, je demande à mes patients de ne rien s’interdire : tout est une question d’équilibre et de modération.
Pour Agathe, la première chose qu’il faut étudier, c’est son impulsivité. Ce quad super souriant est du type « tout, tout de suite ». Je veux donc suggérer qu’il apprenne à attendre. Laissez passer la marée de l’impulsivité.
Je lui ai parlé de l’approche RAS que j’imaginais pour vaincre progressivement les envies liées à l’impulsivité. Une méthode que je détaille dans mon livre, La douceur pour mieux manger (édition Leduc), consiste à respirer, attendre et goûter. Il s’agit de réduire l’envie de manger grâce à des exercices de respiration, d’attendre quelques minutes que l’envie se calme et de réaliser que ce qui semble accablant peut enfin être apprivoisé.
Sceptique au début, Agathe a noté qu’avec le temps, l’approche serait payante.
Apprenez à vivre avec vos émotions
L’impulsivité est un trait de caractère moulé. De même, il est possible d’apprendre à mieux tolérer ses émotions, qui sont parfois porteuses de comportements problématiques. Je consulte Faustine depuis des semaines, et elle est capable de voir que ses envies sont étroitement liées à certaines émotions qui la submergent.
La diplômée en arts plastiques a décrit une scène presque constante : Elle rentrait du collège, plus ou moins fatiguée, plus ou moins déprimée, et elle a commencé à manger un en-cas. « C’est mon sas de décompression, et ça me fait du bien », explique-t-elle. « Mais la plupart du temps, je ne pouvais pas m’arrêter et ça me dégoûtait ».
Le paradoxe de la douleur est qu’elle commence le plus souvent par une recherche de plaisir et se poursuit par une forme d’anesthésie – Mélanie ne ressent plus rien, pas même l’odeur de la nourriture, elle est comme dans un « tunnel », « Trou noir » – cela ne s’arrête qu’avec une expérience physique débordante. Faustin refait surface de ces désirs avec un sentiment de profond malaise et de dégoût de soi.
Non seulement Faustine souffrait de fringales, mais aussi d’anorexie, un trouble de l’alimentation qui consiste à manger de grandes quantités de nourriture sans besoin biologique. La maladie se présente le plus souvent sous une forme occasionnelle mais récurrente. Avec une lourde culpabilité.
Plusieurs consultations et la collaboration d’une psychologue permettront de mettre en lumière les difficultés de Faustin à vivre seul ainsi que certains traumatismes remontant à l’enfance. Peu à peu, Faustine s’est réconciliée avec cette solitude et a fait face à ses émotions au lieu de les « manger ». Ainsi, petit à petit, elle retrouvera sa liberté de mouvement.