interview. Nutri-score : on vous explique ce qui va changer et pourquoi les marques s’y opposent
traverser Briac Treibert
Publié le 16/08/22 à 12:29 Mis à jour le 16/08/22 à 12:39 News Voir mon actualité Suivre ce média L’algorithme de calcul du Nutri-score sera développé dans les prochains mois. (©Illustration©Actu.fr)
Cette Note nutritionnelle Il s’agit d’un algorithme développé par une équipe de l’université d’Oxford et adopté en France par une équipe du Pr Serge Hercberg, épidémiologiste spécialiste de la nutrition de santé publique, à l’origine du Programme national pour une alimentation saine (PNNS). Il a été officiellement adopté en 2017.
en principe?Une logo apposé sur l’emballage et renseignant « qualité nutritionnelle » sous une forme simple échelle en cinq couleurs : Du vert foncé au rouge. Cinq couleurs associées aux lettres de A à E.
L’attribution de la note est basée sur des points, en tenant compte du contenu de 100 g ou 100 ml de produit : Teneur en nutriments et aliments stimulants (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, noix, huile de colza, noix et olives) et nutriments à restreindre (énergie, acides gras saturés, sucre, sel).
Depuis sa création – le Fondamentaux du bénévolat En ce moment, cela attire particulièrement la colère de certains fabricants, qui craignent que le Nutri-score ne décourage les consommateurs. Plébiscités par les uns, décriés par les autres, les scores nutritionnels laissent rarement indifférent.
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Actu.fr Le professeur Serge Hercberg, le nutritionniste et épidémiologiste à l’origine du Nutri score, s’est interrogé sur la polémique en cours, les actions du lobby et l’évolution future de l’algorithme.
informations: Combien de marques en France choisissent de mettre des notes Nutri sur leurs produits ?
Pr Serge Hercberg : 875 marques utilisent désormais le Nutri Score. Parmi ceux qui ont rejeté et combattu, on a trouvé : Ferrero, Coca-Cola, Mars, Mondelez, Lactalis, Unilever International… notamment la filière agricole fromagerie et charcuterie (et l’Union Européenne d’Agriculture Copa et Cogeca…) .
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La nutrition s’améliore dans les mois à venir
Le comité scientifique chargé de mettre à jour le Nutrition Score vient de décider des « améliorations » qui seront mises en place dans les mois à venir. Les céréales du petit-déjeuner relativement riches en sucre ne pourront plus être classées en A, en moyenne plus susceptibles d’être classées en C, les laitages sucrés et non sucrés seront mieux différenciés, les plats composés (plats-cuisinés, pizzas) etc.) seront également classés moins favorablement, pour certaines catégories de produits, passant de A/B à B/C voire D en moyenne, notamment les pizzas, les viandes rouges seront également, moins bien classées avec les volailles et comparées aux poissons, ils sont globalement moins bien notés et « peuvent mieux s’aligner sur les recommandations nutritionnelles visant à limiter leur consommation ».
« J’ai pu voir toutes les tactiques du lobby, questionnant la science et les chercheurs, exerçant des pressions politiques et économiques… »
Comment contrer précisément le lobbying ?
Shangaï : Les marques refusent toujours de divulguer la valeur nutritionnelle à l’aide de cet outil simple et intuitif que tout le monde peut comprendre, permettant aux consommateurs de juger de la qualité nutritionnelle des produits et de comparer les aliments en un coup d’œil, et ils sont réalistes.
Mais le seul moyen de lutter contre ces lobbies contre les mesures de santé publique comme le Nutri-score, c’est la science ! C’est-à-dire que l’accumulation de travaux scientifiques démontre sa validité, son intérêt et son efficacité.
C’est ce qui a été fait pour le Nutri-score, l’ouvrage scientifique qui permet de mobiliser les associations de consommateurs et d’inscrire les enjeux du lobbying dans le débat public et de convaincre les pouvoirs publics…
Je vois toutes les tactiques des groupes de pression essayant d’empêcher la mise en place du Nutri-score, ou du moins de la retarder, mettant en cause la science et les chercheurs, exerçant des pressions politiques et économiques.
Je raconte également cette épopée épique dans le livre de février 2022 de HumenSciences, Tais-toi quand tu manges : le nutritionniste face au hall agroalimentaire. (Remarque : ce livre n’a pas de droits d’auteur, tous ont été donnés à la fondation) ».
Depuis le 13 décembre 2016, des listes d’ingrédients pour les aliments préemballés sont apparues sur les aliments, et les allégations nutritionnelles sont devenues obligatoires afin que les consommateurs puissent comparer les produits entre eux, faisant potentiellement des choix sains plus favorables. ?
Shangaï : Parce que le tableau des valeurs nutritionnelles au dos des emballages alimentaires est difficile à lire et à comprendre ! De nombreux travaux scientifiques l’ont prouvé. Ce n’est pas un outil de santé publique. L’idée du Nutri-score est de transformer ce tableau difficile à comprendre en informations compréhensibles et utiles pour les consommateurs, les aidant à orienter leurs choix alimentaires vers des comportements plus respectueux de la santé.
La Commission européenne pourrait bientôt rendre obligatoire l’étiquetage nutritionnel
Combien de pays sont aujourd’hui impliqués dans la « gouvernance » de ce Nutri-score, lesquels ?
Shangaï : Oui, il y a la France, mais aussi la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Suisse. L’idée est de mieux coordonner le déploiement du Nutri-score au niveau européen, incluant les enjeux d’enregistrement des opérateurs, de suivi du déploiement, de gestion et de promotion du dispositif. Et d’assurer l’éventuel développement d’algorithmes au niveau européen, en s’appuyant sur l’évolution de la science et l’expérience de son déploiement.
Peut-on imaginer que la Commission européenne imposera bientôt l’étiquetage nutritionnel en Europe ?
Shangaï : Oui, c’est prévu dans le cadre de la stratégie « de la ferme à la table ». La feuille de route a été élaborée par la Commission européenne dans le cadre du Green Deal européen et votée par le Parlement et le Conseil de Strasbourg.
Son objectif : Vers un « système alimentaire équitable, sain et respectueux de l’environnement ». Il vise à garantir à tous l’accès à une alimentation équilibrée et à minimiser l’impact de l’agriculture sur la biodiversité et les émissions de dioxyde de carbone.
La Commission européenne s’est engagée à développer un emblème obligatoire uniforme pour tous les pays européens. Le vote est prévu fin 2022. Elle a également réveillé les lobbies inquiets que Nutri-score ait été choisi compte tenu de ses archives scientifiques et du soutien des associations de consommateurs (notamment le Beuc, le Bureau de l’Union Européenne des Consommateurs)…
« Les consommateurs doivent disposer d’informations variées pour leur permettre de faire des choix »
Il s’agit aussi d’établir un « score écologique » et/ou un « score planétaire » pour mesurer l’impact environnemental de l’alimentation… que dites-vous à ceux qui pensent que le scoring nutritionnel est une forme de réductionnisme scientifique « qui ont oublié que l’alimentation est plus que la somme des nutriments » ? Et ceux-ci expliquent que d’un point de vue nutritionnel, un produit à fort impact environnemental pourrait s’avérer être vraiment bon… comment faire face à ces produits « ultra-transformés » qui ont un fort impact carbone, mais un bon score nutritionnel …
Shangaï : Ces arguments sont exploités par les détracteurs du Nutri-score, mais en fait nous avons expliqué dès le départ que le Nutri-score, comme toutes les étiquettes nutritionnelles, ne renseigne que sur les aspects nutritionnels de l’aliment (ce qui est déjà beaucoup) et rien d’autre La dimension santé des aliments informatifs (ultra-transformés, résidus de pesticides, etc.) ou d’autres dimensions alimentaires non liées à la santé personnelle (effets sur la planète, santé des animaux…).
Il est impossible d’agréger toutes les dimensions en une seule métrique (aucun logo au monde ne peut le faire). D’autre part, il est nécessaire de fournir aux consommateurs diverses informations qui leur permettront d’arbitrer leurs choix.
Bien sûr, nous ne mangeons aucun type de nourriture, et aucun aliment ne peut être considéré comme nocif en soi, même si nous pouvons reconnaître que certains aliments sont plus malsains que d’autres…
C’est la combinaison de l’alimentation et de la consommation qui définit une alimentation « saine » ou « malsaine ». C’est pourquoi les recommandations nutritionnelles de santé publique ne ciblent pas des aliments spécifiques, mais plutôt des groupes d’aliments généraux (fruits et légumes, laitages, charcuterie, etc.) et l’alimentation globale (ne pas manger trop gras, sucré, salé, limiter ultra -transformation de produits alimentaires et végétaux bio..)
Mais au sein d’un groupe alimentaire générique (par exemple, produits laitiers, charcuterie, céréales…), il peut y avoir une grande variété de types et de formats de produits, en particulier lorsque l’on considère différentes marques de produits préemballés, qui peuvent bien présenter les effets de leur composition, de leur contenu nutritionnel , le degré de transformation, la quantité et le type d’additifs qu’ils contiennent, et le fait qu’ils proviennent ou non de l’agriculture biologique.
De nombreuses études épidémiologiques et expérimentales ont mis en évidence des liens entre trois caractéristiques des aliments consommés seuls (nutrition, ultra-transformés/additifs, pesticides) et la santé.
La pondération de chacune de ces dimensions sur le risque de maladies chroniques, même avec des niveaux de preuve variables, démontre pleinement que les consommateurs comprennent les caractéristiques de chaque produit alimentaire associées à chacune de ces dimensions.