Nourriture : le Nutri-Score vérifie-t-il la malbouffe ?
Le seul problème est que Chocapic n’est pas aussi recommandable que le suggère le logo. Les produits ultra-transformés consommés au quotidien sont fortement suspectés d’avoir un effet sur la prise de poids, les maladies cardiovasculaires, le cancer, la stéatose hépatique, les troubles de l’humeur.
Pendant des années, les scientifiques ont soutenu que les évaluations nutritionnelles seules ne suffisaient pas à juger les aliments industriels. Sont également à envisager l’utilisation de « procédés tels que l’extrusion ou le prétraitement de friture, et l’intégration de multiples additifs, le raffinage des grains et des amidons, pour convertir les sucres lents en sucres rapides », expliquent Sciences et Avenir-La Recherche dans leur rapport. Dans l’édition de juin 2022. Cependant, le Nutri-Score n’en tient pas compte et est donc utilisé comme un outil par les industriels qui refaçonnent leurs recettes pour obtenir le meilleur score possible.
« Je ne sais pas qui a dit ‘Et bam !’ Chocapic, se plaint Serge Hercberg, professeur de nutrition à l’université Sorbonne-Paris-Nord et membre de l’équipe de recherche qui a créé le logo, aujourd’hui adopté dans sept pays européens. Des concurrents qui sont encore classés B ou C, ou auprès de qui on fait campagne pour le Nutri-Score mis en place devant les industriels depuis des années, puis ils ont utilisé tous les moyens possibles pour le discréditer. Mais sachez que nous avons remarqué ces nouvelles formulations et évalué La norme a été révisé et Chocapic sera à nouveau classé C en 2023 »
course contre le temps
Face à des fabricants très avisés, le conseil scientifique de Nutri-Score est engagé dans une course contre la montre pour ne pas cautionner un nombre croissant de produits de grade A douteux. Comme Chocapic, l’alimentaire industriel prêt-à-manger de Fleury Michon, Findus William Saurin a affiché la note maximale et s’est réjoui. « Aujourd’hui, près de 80 % de nos plats sont notés A ou B », clame fièrement la marque Marie, dont « Paupiette de veau et sa jardinière de légumes » (score nutritionnel A) se compose de 16,6 % de porc et seulement 3,9 % de petits du boeuf. Si réduire le sel, les matières grasses et le sucre est effectivement un point positif, la liste des ingrédients pour les remplacer est plus longue que jamais, et les additifs qui améliorent la texture, la couleur ou la durée de conservation à moindre coût (arômes, gluten, lactose, dextrose et fructose, etc. .).
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Sans surprise, les multinationales dotées de vastes ressources de recherche et de laboratoires à la pointe de la technologie sont à l’avant-garde du jeu des apprentis sorciers, tandis que les petits fabricants sont à la traîne. Les tortillas Doritos (Groupe PepsiCo) sont passées de C à B en abaissant la teneur en sel. La marque de jus d’orange Joker (Eckes-Granini) a détrôné ses concurrents en réduisant le sucre de manière très simple : « Ils utilisent des oranges pas mûres, il faut y penser », s’amuse un expert. contre un jus d’orange trop systémique au petit-déjeuner, la présence de ce logo flatteur peut au contraire booster les ventes.Comme Danone et ses riches saveurs, épaississants et édulcorants (mais notés Like A) le yaourt hyperprotéiné HiPro, le champion du fast-food McDonald’s est devenu un fervent partisan de Nutri-Score dans le but de redonner vie à son image. Par exemple, son burger de bœuf et son wrap au poulet sont tous deux de catégorie A, annoncé dans un communiqué de presse triomphant, mais ne l’ont conservé au menu que pendant un mois.
substituts de viande
À une époque où la plupart des étiquettes et logos premium ont perdu leur validité commerciale, comme les aliments biologiques, le Nutri-Score est considéré comme une aubaine par les marques qui le combattaient autrefois. D’autant plus qu’ils semblent pouvoir modifier cet outil. « En juin dernier, des industriels nous ont adressé plus de 70 demandes officielles de changement des critères du Nutri-Score », révèle Chantal Julia, épidémiologiste et membre du Comité supérieur de santé publique.
A l’heure actuelle, les experts du comité scientifique Nutri-Score n’ont accepté aucune demande de PepsiCo, Unilever, Decathlon, Fédération de l’épicerie fine, Fédération des plats cuisinés, Fédération de la transformation laitière, etc. Ils ont même resserré les seuils acceptables pour le sel, le sucre et les matières grasses et prévoient de s’appliquer en 2023, mais aucune date précise n’a été donnée. « Je demande l’ajout d’étiquettes noires pour les produits ultra-transformés », précise Serge Hercberg. Le débat ne fait que commencer, car les industriels investissent massivement dans des alternatives à la viande et au fromage, pas forcément naturelles, qui seront immédiatement classées A.