Nutrition : le pouvoir inattendu des hot-dogs


Une étude récente d’Olivier Jolliet Professeur et chercheur Katerina S. Stylianou de l’Université du Michigan a même les plus grands adeptes de la malbouffe mérite réflexion. Grâce à leur indice basé sur 15 facteurs de risques alimentaires, les deux experts en santé environnementale affirment pouvoir quantifier précisément les bénéfices ou les méfaits de l’alimentation sur le corps humain.

Ainsi, en calculant les aspects nocifs (viande transformée, sodium et acides gras trans) et bénéfiques (graisses polyinsaturées et fibres) des hot-dogs, ils ont conclu que la consommation de cet aliment réduirait exactement 36 minutes de « vie saine » ». qui le mange. D’autre part, une portion de 30 grammes de noix peut ajouter 25 minutes à une durée de vie saine. Au total, plus de 5 800 aliments ou plats ont ainsi été analysés.

Nous avons demandé à Jean-Claude Moubarac, professeur de nutrition à l’Université de Montréal et spécialiste des aliments transformés, d’examiner de manière critique la méthodologie et les conclusions de cette étude.

Que pensez-vous de cette étude ?

L’idée d’évaluer l’impact de nos choix alimentaires sur notre santé et l’environnement est très intéressante, et la méthodologie me semble rigoureuse. Mon bémol, c’est l’approche et la vision des chercheurs, ils sont très réductionnistes.

Premièrement, les critères utilisés pour déterminer la contribution d’un aliment à la santé ne tiennent pas compte de certains facteurs de risque, comme la consommation de sucres ajoutés. Cependant, nous savons maintenant qu’il est associé à l’obésité et au diabète. Par conséquent, l’étude a ciblé certains nutriments sans se concentrer sur les aliments et la transformation des aliments qui les sous-tendent. Par exemple, les aliments riches en fibres mais riches en sucre, tels que les céréales Froot Loops, peuvent obtenir des scores élevés car les niveaux de transformation et la présence de sucre ne sont pas pris en compte.

A lire aussiPeut-on vraiment mesurer avec précision l’impact de l’alimentation sur l’espérance de vie ?

Là encore, c’est très réducteur. Les effets de la nourriture dépendent de votre alimentation globale, de votre niveau d’activité physique et de votre mode de vie. De plus, il peut être très anxieux de penser que tout ce que nous mangeons nous enlève ou nous donne quelques minutes de vie.

Je pense que cette vision de notre alimentation est fausse. Je préfère présenter des principes généraux qui guident les gens dans le choix d’une bonne nourriture.

dans la publicité, la recherche, les conseils nutritionnistes et Guide alimentaire canadien, les consommateurs sont bombardés d’informations. Comment le trouver ?

C’est un véritable murmure nutritionnel. Les informations viennent de toutes les directions et il peut être difficile de les parcourir toutes. Aussi, au Québec, nous sommes entre deux cultures alimentaires. Nous recevons beaucoup de France et beaucoup d’Amérique.

Les Américains ont une relation très anxieuse avec la nourriture : il faut manger sainement et vivre le plus longtemps possible. Pour bien manger, il faut apprendre à travers la littérature et les médias. Mais parce qu’il y a tellement d’informations et que nous ne savons pas comment trouver notre chemin, nous devenons très anxieux. Les Français ont un rapport différent avec la nourriture. Ils apprennent à cuisiner avec leurs parents, ils imitent donc leurs habitudes, se sentent plus à l’aise, mangent plus heureux et partagent davantage la nourriture.

Afin de rendre notre rapport à la nourriture moins anxieux, nous devons accompagner les personnes pour développer leur autonomie et leur créativité. Mon conseil est simple : cuisinez le plus possible et choisissez les aliments les moins transformés. Si vous ne pouvez pas préparer de nourriture, rendez-vous dans un restaurant où la nourriture est cuite en direct !

Les gens doivent être encouragés à penser de manière autonome et à acquérir des réflexes de pensée critique. Ils devraient être guidés par des principes plutôt que de les prescrire.

A lire aussiY a-t-il de la place pour la nourriture et le plaisir ?

Trouver un équilibre entre nos plaisirs et nos envies. L’alimentation n’est pas seulement fonctionnelle : nous nourrissons notre corps et notre esprit. Oui, manger procure du plaisir, mais il faut distinguer les plaisirs qui font du bien à notre corps des plaisirs qui peuvent être amusants à court terme mais qui ont un impact sur notre santé.

Nos cerveaux sont très sensibles au sucre, aux graisses et au sel et aux combinaisons des trois. L’industrie agroalimentaire le sait très bien et nous le fournit en grande quantité dans des aliments transformés ou ultra-transformés. À l’heure actuelle, les Canadiens consomment environ 50 % de leurs calories quotidiennes sous forme d’aliments transformés. Cela comprend le pain d’épicerie, les boissons gazeuses, les jus, les bonbons, les croustilles, les biscuits, les sauces, la margarine et certains plats surgelés. Cette part n’a cessé d’augmenter depuis le début du XXe siècle.

Sans exagérer, disons que pour manger sainement tout le temps, il faut être sobre et comprendre que certains produits peuvent nous faire perdre le contrôle, notamment ceux qui sont hautement transformés. Vous n’avez pas besoin de manger des hot-dogs et de boire du coca pour vous amuser, vous pouvez aussi le manger avec beaucoup d’autres aliments meilleurs.

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