Prix des pâtes, façons d’augmenter
La hausse des prix de l’énergie et celle des denrées alimentaires figurent parmi les problèmes les plus urgents pour le nouveau gouvernement, qui prépare de nouvelles mesures pour soutenir le pouvoir d’achat.
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Comment interpréter l’étiquette de cette valse ? Pour mieux comprendre le mécanisme de fonctionnement, croix Retraçant les étapes pour définir le prix d’un paquet de pâtes dans une infographie, les pâtes sont l’un des aliments les plus consommés en France et ont le plus augmenté ces derniers mois (+15% en moyenne en un an). Nous avons appris que la guerre d’Ukraine n’était qu’un élément de l’éclatement, qui était également largement attribuable aux caprices de la météo.
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Sur le marché du blé dur, il n’y a pas de marché à terme, les prix sont déterminés en fonction de l’offre et de la demande, et sont déterminés par les stratégies de stockage (et la spéculation) mises en place par les agriculteurs. « Dans des circonstances normales, le blé dur sans aucune des qualités souhaitées serait invendu. Mais à cause de la pénurie, nous avons eu notre meilleure année à ce jour. »a déclaré le gérant de la coopérative alimentaire.
Les Marques Premiers Equivalents et les Marques Distributeurs* (MDD) sont les premières à générer de la croissance. « Les fabricants de MDD sont liés par des contrats de sous-traitance plus faciles à renégocier en cours d’année dans un contexte d’envolée des matières premières », explique l’expert retail Olivier Dauvers. Dans les rayons, certaines MDD sont encore plus chères que les grandes marques nationales.
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« Sur des produits de très faible valeur, comme les pâtes, l’impact de l’inflation est beaucoup plus important car il n’y a pas de coût marketing pour faire office d’amortisseur »a déclaré le consultant en alimentation Philippe Goetzmann.
Les négociations ont été tendues cette année, les grands détaillants accusant les fabricants de profiter d’une période d’inflation pour pousser des hausses de prix déraisonnables. En augmentant les prix dans les rayons, les distributeurs, plus intéressés par les ventes que par les bénéfices, craignent une baisse de la consommation.
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Panzani, Lustucru, Barilla… Les prix des grandes marques ont augmenté de 8 % en décembre et de 15 % en avril. En plus de la flambée des prix, les fabricants ont parfois dû modifier les processus de production pour s’adapter à la baisse de la qualité du blé. « Pour répondre à nos exigences de qualité, nous avons dû mélanger différents lots de semoule et faire varier nos débits et nos temps de séchage »explique Sandrine Denoual de Lustucru.
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C’est encore pire pour les pâtes aux oeufs
Pour les fabricants de pâtes aux œufs, les crises ne se succèdent pas, elles s’accumulent. Grand’Mère, qui fabrique des pâtes alsaciennes depuis 1933, fait maintenant face à une flambée des prix des œufs après la hausse des prix du blé dur. Cette fois, le problème n’est pas la sécheresse, mais la grippe aviaire, qui a tué plus de 16 millions de volailles en France depuis novembre.
« Aujourd’hui, les matières premières représentent près de 60 % de nos coûts de production, contre moins de 50 % avant la crise »le directeur général Philippe Heimburger a témoigné, selon lui l’entreprise de 90 salariés ne pourrait pas survivre sans renégocier les prix avec les grands distributeurs. « Et pour cause, dans notre industrie, on a l’habitude de dire qu’on est ‘centimètres’ et nos affaires se font sur trois décimales. » Fin industriel, Patil sécurise toujours le coût d’approvisionnement de ses fournisseurs.
Mais avec la récolte désastreuse de l’été dernier, certains ont fait défaut, obligeant les entreprises à acheter au prix au comptant, le haut du marché. « Je n’en ai jamais vu. En gros, l’usine nous a dit : ‘Je peux vous acheter du blé à ce prix, à prendre ou à laisser’, a déclaré Philip Heimberg. Face à ces augmentations, l’entreprise familiale, qui vient d’être rachetée par Alpina Savoie, a parfois été contrainte de réduire sa production.