Vous recrutez des serveurs ?Pour les restaurateurs, la tâche devient compliquée


L’industrie de la restauration a du mal à recruter les bons talents depuis la fermeture des restaurants pendant la crise sanitaire. D’une part, ce métier n’est pas attractif, et d’autre part, il est aussi plus exigeant.

JCTS avec Adjaya Hoarau • Publié le 28 mai 2022 à 16h54, mis à jour le 28 mai 2022 à 16h56

Planning difficile, grande disponibilité, bas salaire… Les métiers de serveuses sont de plus en plus difficiles à attirer. D’autant plus qu’il se développe, des qualifications très spécifiques sont désormais exigées, loin d’être une époque où l’on peut y prétendre sans aucun diplôme.

Du coup, les professionnels du F&B ont du mal à recruter leurs futurs serveurs et serveuses, mais pas que. Les chefs sont également rares.

Les CV ont disparu depuis la crise du Covid, selon plusieurs professionnels du secteur. Quelques mois de fermetures de restaurants ont certes eu un effet dissuasif sur ceux qui aspiraient à poursuivre cette carrière, mais cela a aussi eu un impact sur une certaine sécurité d’emploi.

« Pendant la crise du Covid, certains serveurs ont été libérés ou leurs contrats n’ont pas été renouvelés.Aujourd’hui, il s’agit de restructurer l’équipe», a déclaré Patrick Serveaux, président de l’UMIH (Union de l’hôtellerie et du commerce) de La Réunion.

On a encore besoin de bénévoles qualifiés, mais c’est loin d’être le cas, constate Barbara Roure, responsable de salle au restaurant La Varangue à Saline-les-bains.

Nous avons reçu des CV, mais pas liés à l’emploi. Cependant, nous avons besoin d’un minimum d’expérience et nous cherchons tellement à trouver des gens que nous n’avons pas le temps de les former.

Barbara Ruhl, responsable de salle

Malgré tout obligé de recruter, Barbara Roure s’est tournée vers des profils peu expérimentés. Selon elle, ce n’est pas sans conséquences pour l’équipe : « Cela laisse en suspens pour ceux qui sont très qualifiés et doivent faire plus pour que cela fonctionne« .

Le sous-effectif persiste et ne fera que prolonger les heures de travail.

Du côté du Carré Kédral à Saint-Denis, Pierre Govindama, le directeur des événements du site, fait le même constat sur la difficulté persistante à trouver des perles rares.

Nous avons posté des offres partout mais nous n’avons eu aucune réponse. Nous embauchons donc de plus en plus de personnes qui ne font essentiellement pas partie de l’industrie.

Pierre Govindama, directeur des événements Carré Ktdral

Il faut dire que le métier de serveur fait partie de ces métiers passion et demande un certain investissement. « C’est spécial parce qu’on travaille pendant que les autres s’amusent.Ça peut ralentir les jeunes qui se disent qu’ils n’auront pas de week-end», note Patrick Serveaux, qui espère que l’évolution de carrière la rendra plus attractive.

Même si les horaires de travail ne sont pas un obstacle, les qualifications requises sont tout de même exigées.

Le poste requiert d’excellentes compétences orales, des connaissances techniques en restauration et au moins une langue étrangère. Impossible d’improviser, plus personne ne peut être serveur. Aujourd’hui, un serveur qui ne parle pas anglais est au chômage.

Patrick Serveaux, Président, UMIH Réunion

Il ne suffit plus de savoir porter une assiette, mais aussi de savoir jouer le rôle tantôt de vendeur, tantôt d’animateur en salle.

Les serveurs, une passion professionnelle difficile à séduire de nos jours. • ©Adjaya Hoarau

Cependant, Hugo est resté convaincu que suffisamment de volonté suffisait. Cela témoigne de son propre parcours en tant que serveur et directeur adjoint du restaurant La Kafrine à Saint Denis. « Il s’agit d’un travail qui ne nécessite pas nécessairement d’expérience ou de formation.L’opportunité est ouverte à ceux qui souhaitent se développer, alors saisissez cette opportunité« .

Alors, si être serveur ou serveuse vous a permis de réaliser vos rêves, il est peut-être temps de postuler et/ou de vous former…

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