« Ces territoires sont aujourd’hui les échelles les plus pertinentes pour équilibrer production et consommation locales »
Foie gras ou baguette quel sera le plat le plus populaire à Noël prochain ? Cette question apparemment absurde résume magnifiquement l’incertitude qui pèse sur nos régimes alimentaires aujourd’hui. Le conflit ukrainien est un nouveau signe des limites de notre modèle alimentaire après des crises sanitaires qui ne seront sans doute pas les dernières. Notre alimentation est fortement dépendante des importations, d’aliments tels que le blé dur ou les pommes de terre, et d’intrants clés, notamment les combustibles fossiles et les engrais, ce qui nous expose au risque de rupture d’approvisionnement et de hausse des prix.Francis Blanche disait qu’en tout « Au lieu de changer de bandages, pensez à changer »surtout ici : réfléchir aux faiblesses de nos systèmes alimentaires à l’échelle mondiale, et comment y remédier, sera plus efficace que de répondre crise par crise, secteur par secteur, secteur par secteur.
Lire aussi l’article réservé à nos abonnés La guerre d’Ukraine : Alerte mondiale sur la sécurité alimentaire
Alors, comment pouvons-nous augmenter notre résilience alimentaire ? Comment assurer la couverture de nos besoins alimentaires face aux aléas futurs, qu’ils soient climatiques, naturels, industriels, sanitaires ou géopolitiques ?
Réorienter la production agricole n’est pas une tâche facile : les terres agricoles françaises ont diminué de moitié depuis 1950, et les rendements des terres devraient baisser en raison du changement climatique et de décennies d’agriculture intensive. Enfin, la population agricole fragilise : les emplois des agriculteurs sont précaires et ne sont plus attractifs (20 % des agriculteurs avaient des revenus négatifs ou nuls en 2017), et il devient de plus en plus cher de racheter des exploitations…
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Sécurité alimentaire : ‘Il faut produire mieux, pas plus’
Cependant, de nombreuses solutions natives existent. La région est désormais l’échelle la plus pertinente pour équilibrer la production et la consommation locales. Pour ce faire, nous devons faire fonctionner l’idée de résilience sur deux jambes : l’autonomie et la variété. La première étape, l’autonomie gouvernementale, consiste à produire des quantités suffisantes de produits de consommation locaux, du champ à l’assiette, en plus des produits agricoles, n’oubliez pas de regarder les produits transformés par l’industrie agro-alimentaire. – Ils composent près de 90% de nos assiettes. La deuxième dimension de la résilience est la diversité économique, la capacité d’un territoire à rebondir en cas de crise, en s’appuyant sur ses atouts locaux (qu’il s’agisse de matières premières, de compétences ou d’outils industriels) pour augmenter rapidement la production dans les secteurs les plus vulnérables. Idem avec les masques et les gels au début de la crise du Covid-19.
Il vous reste encore 80,24% d’articles à lire. Le contenu suivant est réservé aux abonnés.