Nutrition : le régime qui pourrait nous donner 10 ans de plus


  • Sandra López Domenech
  • dialogue*

3 avril 2022

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« Qui veut vivre éternellement ? » demandait le légendaire groupe britannique Queen dans leur célèbre chanson des années 1980. Bien sûr, nous ne recherchons pas l’immortalité, mais nous sommes tous soucieux de vivre le plus longtemps possible.

Les secrets typiques pour vivre une vie plus saine nous viennent souvent à l’esprit : faire de l’exercice, arrêter de fumer et le classique « manger mieux ». Mais combien de temps peut-on vivre en mangeant mieux ?

Lire notamment BBC Afrique :

Une étude publiée en février 2022 par des chercheurs de l’Université de Bergen en Norvège montre que changer nos habitudes alimentaires peut prolonger notre espérance de vie de plus d’une décennie.

En utilisant une approche innovante, les chercheurs ont regroupé et comparé les résultats de dizaines d’études antérieures liées à l’alimentation et à la longévité dans des populations aux États-Unis, en Chine et en Europe, y compris la prestigieuse étude Global Burden of Disease Study (2019).

À l’aide de ce modèle, ils ont examiné comment certains groupes d’aliments affectent notre longévité afin de concevoir des régimes optimaux pour la longévité.

Mangez plus de légumes, de grains entiers et de fruits secs, et moins de viande rouge et transformée

En comparant un régime alimentaire nord-américain typique (consommation élevée de viande rouge, d’aliments ultra-transformés et riches en sucre), les experts affirment qu’un régime idéal devrait inclure la réduction de la consommation de ces produits, le remplacement des farines raffinées par des grains entiers et l’augmentation de la consommation de légumes et de noix.

Bien qu’il puisse sembler étrange que les fruits, les légumes et le poisson ne figurent pas en tête de liste des aliments, ils continuent certainement d’avoir un impact très positif sur notre santé. Mais ils ne sont pas aussi faibles dans un régime alimentaire typique que les légumes ou les grains entiers. En conséquence, ils jouent un rôle plus faible dans ce modèle, disent les experts.

D’autres groupes d’aliments étudiés peuvent avoir un effet neutre. C’était le cas de la viande blanche, des œufs et des huiles végétales, qui ne semblaient pas avoir d’effet significatif sur la longévité. L’huile d’olive est une exception, elle joue un rôle protecteur sur notre santé.

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Plus tôt nous commençons, plus longtemps nous vivrons

Selon l’étude, introduire ces changements alimentaires à 20 ans peut prolonger notre espérance de vie de 10 à 13 ans, tandis que le faire à 60 ans prolonge notre espérance de vie de 8 ans.

Alors que plus un régime idéal est adopté tôt, plus les avantages sont importants, même les personnes de 80 ans peuvent vivre une durée de vie substantielle, environ 3,5 ans. Mais ces changements doivent être maintenus pendant au moins 10 ans pour avoir un effet maximum.

Prendre de nouvelles habitudes peut être un véritable défi, mais les experts soulignent que même un changement partiel peut prolonger notre espérance de vie de sept ans si nous commençons avant l’âge de 30 ans.

À l’aide de leur modèle d’intégration de données, les chercheurs ont développé l’application « Food 4 Healthy Life », une calculatrice disponible sur Internet qui estime notre durée de vie en fonction de notre alimentation, de notre sexe et de notre âge. Utilisez cet outil simple, nous pouvons estimer comment augmenter notre durée de vie espérance basée sur les changements nutritionnels que nous sommes capables de faire.

Défauts du nouveau modèle proposé

Le modèle n’a pas tenu compte des conditions préexistantes, des facteurs génétiques ou d’autres changements de mode de vie, tels que l’activité physique et l’alcool ou le tabagisme.

Il ne tient pas non plus compte de la façon dont un apport faible en calories qui modifie les traitements médicaux ou les régimes idéaux pourrait affecter la longévité. Rappelons que des études ont montré que la restriction calorique est associée à une augmentation de l’espérance de vie et à une diminution du stress cellulaire.

Ces prédictions sont généralistes, mais elles sont robustes et pertinentes pour la population générale. Savoir, c’est pouvoir, et comme le disent les auteurs, « Comprendre le potentiel protecteur de différents aliments peut nous aider à prendre des décisions abordables et bonnes pour notre santé. »

Le régime méditerranéen : le Saint Graal de la jeunesse

Le régime idéal dans cette étude présentait de nombreuses caractéristiques similaires au régime méditerranéen, notamment en ce qui concerne la consommation de légumes, de fruits et de légumineuses.

Des études importantes telles que PREDIMED suggèrent qu’une consommation élevée de fibres et la présence de molécules antioxydantes et anti-inflammatoires dans ces aliments pourraient être à l’origine des effets anti-âge du régime méditerranéen.

Les avantages pour la santé de ce régime se concentrent sur la prévention des maladies cardiovasculaires, du diabète et du cancer, qui sont toutes des causes de décès prématuré dans la population.

Il n’est donc pas surprenant que les populations de pays comme l’Italie, la France et l’Espagne aient l’une des espérances de vie les plus longues au monde. En fait, d’ici 2040, l’Espagne pourrait être en tête du classement mondial de la longévité, selon une étude de l’Université de Washington.

Mais il ne faut pas être téméraire, car les effets de l’alimentation nord-américaine sont de plus en plus présents dans notre quotidien et risquent à terme de détruire l’espérance de vie de notre progéniture.

Freddie Mercury déplore notre incapacité à échapper à notre destin et à notre propre mortalité dans le hit de Queen. Mais cette recherche nous montre que nous pouvons avoir un effet positif sur notre santé grâce à ce que nous mangeons.

Bien qu’il reste encore beaucoup de recherches à faire sur la relation entre l’alimentation et la longévité, quelques idées semblent claires : en matière d’alimentation, tout petit changement compte, et il n’est jamais trop tard si le changement est pour le mieux.

* Sandra López Domènech est boursière postdoctorale en endocrinologie et nutrition à la Fondation Fisabio, Espagne.

Cet article a été initialement publié sur The Conversation, un site d’actualités académiques, et est republié sous une licence Creative Commons.

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