Manger des sucreries : avantages et inconvénients


Manger des sucreries évoque la joie sur le bout de la langue, mais notre cortex cérébral se sent coupable !

Drogues, nourriture ou poison ?

Pourquoi aime-t-on tant la douceur ? Qu’elle provienne du sucre blanc (saccharose) ou d’aliments naturellement sucrés comme les fruits, le miel, le sirop d’érable, le lait chaud, etc., la douceur procure un plaisir sensoriel instantané à tous les mammifères. Cette préférence existe réellement dans la vie in utero. Il permet aux nouveau-nés d’accepter instinctivement le lait et l’eau sucrée. Guidé par cet instinct, l’homme peut toujours trouver des aliments riches en glucides et les assimiler rapidement pour soulager la faim. Il savait aussi se protéger des substances amères toxiques.

Si nous aimons tous la douceur à la naissance, la perception de son intensité variera d’une personne à l’autre. Ce plaisir peut varier selon l’âge, l’expérience, l’éducation, les habitudes familiales ou les circonstances de consommation. En plus de la génétique, il y a aussi l’environnement socioculturel et la valeur émotionnelle de cet aliment. Dès le début de la vie, la douceur du lait a été associée à l’amour maternel. Puis vint le temps des récompenses et des fêtes de l’enfance, dont le lot de goûters et de boissons sucrées mettait en valeur la douceur du sucre.

Sucre : Doute Santé

Ce n’est qu’au XVIIe siècle, lorsque le sucre raffiné devient une denrée courante accessible à tous, que la religion et la médecine commencent à s’en méfier. Parce qu’il procure du plaisir, le sucre devient suspect. Influencés par ce principe, et inquiets de sa surconsommation, les médecins ont commencé à s’interroger sur l’état de cette substance très savoureuse : médicament, aliment ou poison ?

Au cours du XXe siècle, surtout depuis les années 1970, en Europe et en Amérique du Nord, la communauté de la santé s’est interrogée sur les effets du sucre sur la santé. D’études scientifiques en publications de vulgarisation plus ou moins crédibles, on débat du rôle du sucre dans l’apparition du diabète, du surpoids, des maladies cardiovasculaires, des caries dentaires ou encore du TDAH. Avec ce flot d’informations parfois contradictoires, l’image négative du sucre s’est propagée pendant des décennies. Par exemple, le mythe selon lequel le sucre fait grossir est bien ancré dans l’imaginaire populaire. Certains auteurs comparent même la dépendance à la toxicomanie, avec des titres comme « A Drug Called Sugar ». La mauvaise réputation du sucre affecte également les gourmands. Ils ont été attribués à des stéréotypes péjoratifs de faiblesse, de régression enfantine ou d’insouciance.

culpabilité médiatique

Aujourd’hui, avec l’épidémie d’obésité, la bataille contre la « malbouffe », l’excès de poids et l’obsession de la santé (perte d’appétit), les convives se retrouvent pris dans un paradoxe. D’une part, la publicité aide, chaque épicerie, dépanneur, marchand ou restaurant de restauration rapide est inondé de produits et de boissons sucrés. Le sucre est partout, visible ou invisible, ajouté aux plats et aux sauces qui ne sont même pas sucrées !

D’autre part, la société, les médias et le gouvernement répandent des discours de plus en plus culpabilisants. A Paris en 2005, le Dr Jean-Philippe Zermati et le Dr Gérard Apfeldorfer du Groupe de Réflexion Obésité et Surpoids (GROS) déclaraient : « La guerre au sucre est déclarée !  … Bannissez le sucre, ou consommez coupablement. La culpabilité de ne pas avoir « mangé n’est-ce pas » et l’angoisse du risque constant de prendre du poids conduit à une consommation sans limite… » Face à un tel bras de fer, peut-on échapper à toute culpabilité ?

Mangez des sucreries pour acquis !

Commençons par réaliser que notre attirance pour le sucré est naturelle et bien utile. Connaître cette préférence nous permet de manger avec plaisir des fruits et certains légumes comme les carottes, les tomates cerises, les pois, les courges et les patates douces est un bon début, n’est-ce pas ?

Ensuite, embrassons comme d’habitude l’envie de sucreries en fin de repas. Apprenons à assouvir cette fringale avec des sucreries naturelles ou des plats préparés, plus sucrés bien sûr, mais nous les dégusterons en toute tranquillité. Il s’avère que prendre le temps de goûter peut vous faire manger moins.

En prime, nous ressentons plus de satisfaction sensorielle lorsque nous n’avalons pas. Et comme la nature le fait bien, notre sensation de sucré diminue du fait de la satiété des sens : après quelques bouchées, le gâteau devient moins savoureux. On perçoit mieux les signaux de satiété, on n’a plus faim, on passe à autre chose. En écoutant ses ressentis, des plus agréables aux moins satisfaisants, on est capable de reconnaître sans frustration les limites de ce doux plaisir.

En respectant ses propres besoins et gènes, ses traditions familiales et culturelles, une personne trouvera la confiance et tout le confort de se faire plaisir en douceur et sans culpabilité.

la source

Fischler C., « La morale de l’alimentation : l’exemple du sucre », L’Homnivore, Paris, Éditions Odile Jacob, 1990, p. 265-294. (Livre de poche édité, 1993).

Autorité française de sécurité sanitaire des aliments. « Plaisirs du sucre et effets sur le comportement alimentaire », Glucides et santé : état du jeu, évaluation et recommandations, 2004, p. 45-47.

Thibault L., Nourrir son cerveau, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2003.

Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids, Zermati, J.-P., Apfeldorfer G., La guerre du sucre est déclarée ! 2005.

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