Comment les applications et le Nutri-Score changent notre façon d’acheter


Certains consommateurs ne se contentent plus de leurs paniers et portefeuilles lorsqu’il s’agit de faire leurs courses alimentaires. Ils utilisent également des smartphones chargés d’applications de suivi nutritionnel pour les produits. A commencer par Yuka, la championne toutes catégories, elle compte 15 millions d’abonnés.

 » En France, 23% des consommateurs utilisent de telles applications au moins une fois par mois « , explique Simon Borel, sociologue et directeur de l’Observatoire sur les relations entre qualité alimentaire et éthique du cabinet d’études ObSoCo. L’une des applications, myLabel, vient de s’associer à l’Institut national de la consommation (INC) et au Centre de recherche et de Recherche observationnelle (Credoc) Introduit une nouvelle fonctionnalité appelée « Nutri-Perso ».

→ Relisez. L’appli Yuka, ma meilleure amie shopping ?

Basée sur la consommation moyenne des Français selon le sexe, l’âge et le type d’aliment, l’application suggère qu’une fois qu’un produit est scanné, le score nutritionnel peut être très différent du Nutri-Score officiel trouvé par les Français depuis 2017, qui est catégorisé à partir de 5 lettres de A (meilleure note) à E, et autant de couleurs que possible.

chocolat et soda

 » Le Nutri-Score a été et continue d’être une avancée importante pour informer les consommateurs sur l’impact potentiel de l’alimentation sur leur santé, Christophe Hurbin, co-fondateur de myLabel, il y a deux ans, explique. Cependant, il nécessite une supplémentation car ses calculs nutritionnels sont basés sur une portion de 100 grammes. Aussi, les besoins d’une jeune femme de 25 ans ou d’un homme de 55 ans ne sont pas les mêmes. »

Ainsi, un chocolat noir qui pourrait être classé D ou E par le Nutri-Score obtiendrait ici une note de 80 sur 100 (100 étant la note la plus élevée) pour une femme de 40 ans. C’est parce que le français moyen mange 15 grammes. En revanche, pour les enfants de 8 ans, qui se sont avérés très mal classés avec les sodas Nutri-Score C, ils ont bu en moyenne au moins le double de la quantité analysée.

les industriels inquiets

Cette nouvelle façon d’analyser les aliments risque d’intensifier les récriminations de certains producteurs ou industriels de l’agroalimentaire à propos du Nutri-Score, recommandé par le gouvernement mais encore facultatif en France. D’autant que cette dernière est menacée par des propositions de lois européennes qui conduiraient à un étiquetage nutritionnel simplifié obligatoire. Ensuite, certains experts recommanderont notre score national de nutrition.

 » Cette possibilité a réveillé les lobbyistes de l’industrie agro-alimentaire, dont certains groupes producteurs de produits gras ou sucrés, qui craignent de tels étalages, Olivier Andrault, spécialiste de l’alimentation à l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, a déclaré. Selon eux, le score nutritionnel par portion est plus respectable, et seul le calcul pour 100g peut vraiment comparer les produits. »

De même, des producteurs de certains fromages AOP, comme le Roquefort, se sont dits inquiets d’un tel affichage, arguant que les fabricants pourraient modifier leurs recettes tout en respectant le cahier des charges…

Nutri-Score, arguments publicitaires

Si la possibilité d’un Nutri-Score obligatoire est si inquiétante, c’est qu’il est devenu le principal moyen pour les Français d’obtenir leurs informations.  » Il a été observé que les ventes des produits affichant un score D ou E peuvent diminuer, contrairement aux produits affichant un score A ou B, dont les achats augmentent. « , raconte Pascale Hebel du Crédoc. Le Nutri-Score amélioré est même devenu un argument publicitaire, les industriels louant l’amélioration de leurs recettes et le passage du D au C…

 » La notoriété grandissante du Nutri-Score est évidente et on voit la plupart des marques commencer « , observe un responsable d’une grande distribution, qui y a d’abord vu un moyen de comparer des produits similaires. En revanche, le professionnel a eu l’impression que l’utilisation de l’application était un peu en retrait.

 » Près d’un quart de la population l’utilise au moins une fois par mois, c’est bien sûr importantanalyse Simon Borel de l’ObSoCo. Ce chiffre monte même à 32 % chez les jeunes et à 33 % chez les mieux rémunérés ou les diplômés. Mais je pense qu’on a atteint un plateau, même si près de la moitié des Français pensent ne pas en savoir assez sur la qualité de leur alimentation. »

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Nutri-Score : 11% des produits affichent E

93% Français Selon le ministère français de la Santé publique, ils disent connaître le Nutri-Score. Grâce à cette note, plus d’un Français sur deux changera au moins une habitude d’achat.

57% des produits Les produits vendus en 2021 démontrent le Nutri-Score.

29% des produits lancés Selon le dernier rapport 2021 de l’Oqali (anciennement Observatoire de la qualité alimentaire), les supermarchés et distributeurs spécialisés ont reçu un A au Nutri-Score. À l’autre extrémité du spectre, près de 11 % se sont révélés être E. En ne considérant que les produits transformés, la catégorie D représentait le plus (25,4%).

702 entreprises Participation à la démarche Nutri-Score en juin dernier.

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