En matière d’alimentation durable, les supermarchés doivent assumer leurs responsabilités


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  • Publié le 02/02/2023 15:48, Mis à jour le 02/02/2023 15:48

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    Une alimentation bio plus visible et accessible, moins de promotion de la viande d’élevage intensif, un étiquetage obligatoire pour montrer l’impact environnemental des aliments… telles sont les pistes proposées par le Réseau Action Climat pour que la grande distribution française puisse assumer la responsabilité de la transition vers une alimentation plus durable. Dans un rapport tentaculaire, le groupe de protection de l’environnement a distribué des chapeaux idiots à tous les revendeurs tricolores sur la question, et a même vu les supermarchés comme un obstacle à notre consommation plus responsable.

    En matière d’alimentation durable, nous imposons généralement la responsabilité à deux acteurs principaux de la chaîne alimentaire : les producteurs et les consommateurs. Pourtant, 70 % des achats alimentaires en France se font en GMS, ce qui confère également à la GMS un rôle important dans l’évolution des habitudes, vers des choix plus conformes aux modes d’agriculture et de production, à l’élevage et à la commercialisation durable. Quelles décisions les géants comme Carrefour, E.Leclerc, Auchan et Monoprix ont-ils pris pour participer à l’effort global d’accompagnement de la transformation ?

    Alimentation durable : les marques françaises loin de la référence

    Pour répondre à cette question, Réseau Action Climat France a souhaité étudier les actions de la grande distribution française sur ce vaste sujet pour voir s’il prenait ses responsabilités. En matière de changement climatique, les marques publieront-elles des données sur leurs émissions de gaz à effet de serre ? Indiquent-ils de manière transparente leur part de produits d’origine végétale et animale ? Mettent-ils en avant des aliments labellisés Label Rouge ou portant le logo AB (agriculture biologique) ? L’empreinte carbone des produits à base de soja est catastrophique en raison des risques d’importation et de déforestation, représentent-ils une part importante des références en rayon ? Combien de déchets de viande et de produits laitiers sont générés chaque année ?

    Ce sont des questions très précises qui constituent les critères de base de ce rapport approfondi. Sur la base d’une grille d’évaluation d’environ 40 points sur 100 (réduite ensuite à 20 points), les associations engagées dans l’action pour le climat ont pu analyser les engagements de la majorité des grandes enseignes détenant une part de marché record de plus de 4 %, à savoir E .Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Lidl, Auchan, Casino et Monoprix.

    En conclusion de cette enquête de grande envergure, la grande distribution en France reçoit le chapeau idiot en matière d’alimentation durable. Il n’y a aucun signe de parvenir à la moyenne, Carrefour obtient au mieux un 9/20, avec un 10,6/20 pour son engagement et son plan d’action. Le groupe a largement nuancé ses efforts : « Il y a une vraie incohérence entre les objectifs annoncés et le plan d’action, ce qui est clairement insuffisant ».

    manque de transparence et d’action

    Avant même de blâmer de véritables lacunes de transparence, on peut sérieusement considérer la prise de conscience du rôle que joue la grande distribution pour soutenir une alimentation plus durable. Car seules trois enseignes, Auchan, Carrefour et Casino, se sont fixé des objectifs de réduction de GES ; Carrefour a de nouveau fixé l’objectif le plus ambitieux à 29 % d’ici 2030 par rapport à 2019. « Ces objectifs sont les bienvenus mais doivent être relevés pour atteindre les objectifs de réduction des émissions nécessaires pour se conformer à l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. L’UE s’est donc engagée à réduire ses émissions de 55% d’ici 2030 », rappelle le Réseau français action climat.et souligner « La capacité des détaillants à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions est discutable car aucun n’a fixé d’objectifs pour réduire les ventes de viande et de produits laitiers, bien que certains détaillants reconnaissent la nécessité d’aller dans cette direction ».

    Pour démontrer votre engagement, vous devez être honnête dans vos actions. Et à ce stade, les distributeurs ne jouent pas le jeu, à commencer par System U et E.Leclerc, qui ont reçu les plus mauvaises notes au chapitre transparence, respectivement 3,2/20 et 5/20. Aucune des marques évaluées n’a fourni de données accessibles au public sur la part des produits durables et équitables dans ses ventes. En ce qui concerne le soja, presque tous les revendeurs sont les plus ambigus, tant en termes d’origine que de proportion de risques de déforestation dans la chaîne d’approvisionnement.

    Pour que les Français mangent plus responsable, les produits durables doivent rester visibles et accessibles. « Ces enseignes proposent systématiquement aux viandes industrielles des offres promotionnelles importantes, publiées dans des catalogues et mises en évidence dans les magasins », l’organisation a révélé que la viande est l’une des catégories de produits les plus rentables pour la grande distribution et que l’agriculture intensive est néfaste pour l’environnement et incompatible avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La viande bio est représentée à moins de 10%. « Offrir des plats cuisinés incite aussi à une consommation excessive de viande, avec une moyenne de 92 % contenant de la viande ou du poisson », Ajouter un rapport.

    Non au régime, oui au WW !

    quelle solution?

    Fort de ces riches enseignements, le Climate Action Network a décidé de rendre obligatoire l’étiquetage des impacts environnementaux sur les étiquettes des aliments et les méthodes agricoles. Dans un contexte de baisse des achats d’aliments bio, les groupes environnementaux veulent limiter les taux de marge que la grande distribution applique à ces rayons. Plus drastique encore, elle veut même interdire les publicités pour les produits d’origine animale et les produits carnés comme la pizza ou les escalopes, à l’exception des références bio ou Label Rouge.

    En mettant la rhétorique en action, le groupe reconnaît que les pouvoirs publics sont responsables d’un manque d’engagement de la grande distribution pour « l’inaction répréhensible ». Le réseau propose donc des solutions en ce sens pour faciliter le changement de consommation alimentaire des Français…

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